Alors que la perte de soldats béninois dans la lutte contre le terrorisme suscite l’émotion et des attentes de commémoration nationale, le porte-parole du gouvernement, Wilfried Léandre Houngbédji, justifie l’option de la retenue et appelle à la responsabilité collective.
Face aux multiples attaques terroristes qui ont endeuillé les Forces armées béninoises (FAB) ces derniers mois, une partie de la population attendait des gestes symboliques forts de la part du gouvernement : drapeaux en berne, deuils nationaux, hommages publics. Le mercredi 30 avril 2025, sur le plateau de l’émission Focus de chaîne de télévision nationale, le porte-parole de l’exécutif, Wilfried Léandre Houngbédji, a livré la position officielle sur la question.
Selon lui, pleurer publiquement chaque soldat tombé sur le champ de bataille contre les groupes armés reviendrait à établir un rituel difficile à maintenir. « Si ça nous arrivait dix fois, vingt fois, cinquante fois dans l’année, on va décréter cinquante fois un deuil national ? », a-t-il déclaré, tout en assurant que le gouvernement respecte pleinement la mémoire des soldats disparus.
Le porte-parole du gouvernement a également évoqué la nécessité de préserver le moral des troupes et d’éviter de semer la peur dans la population. Pour lui, instaurer des deuils à répétition risque de nourrir une forme de psychose. « Ceux qui vivent le phénomène dans son acuité […] et qui avaient commencé à mettre le drapeau en berne […] qu’est-ce qu’ils font aujourd’hui ? », a-t-il interrogé, en référence aux pays voisins plus durement touchés.
Wilfried Houngbédji insiste sur le fait que la discrétion dans la gestion des pertes militaires n’est ni un désintérêt ni un manque d’empathie, mais un choix stratégique. « Chaque vie de soldat vaut une autre. […] Ce n’est pas un manque d’empathie, [mais] une question de responsabilité », a-t-il précisé.
