Pas plus proche qu’éloignée, la date du 28 avril 2019 aiguise déjà les appétits parlementaires de vieux routards et jeunes pousses de la politique béninoise. Les premiers, accrochés à leur fauteuil parlementaire bénis par des gris gris aussi vieux que le monde entendent continuer la sinécure contre vents et marées en bloc. Les seconds, remplis de la fougue juvénile rupturienne, entendent les balayer tels de jeunes républicains en marche sur l’Elysee en 2017. Entre les deux, un électorat aussi divisé en blocs. D’un côté, les fous furieux des prouesses du chantre de la rupture, le président Patrice Talon. Pour eux, la vague des réformes doit surmonter les épis de l’opposition vengeresse qui entend s’emparer de la bâtisse parlementaire pour enrhumer la dynamique d’un Bénin en pleine révélation.

Gonflée à bloc, cette frange de l’électorat veut donner au chef de l’État, une majorité forcément en blocs pour poursuivre les réformes salvatrices prêtes à sortir d’un PAG (Programme d’actions du gouvernement) en papier pour prendre forme sur les ruines de nos lendemains qui ne cessent de chanter depuis 57 ans de rupture avec la mère patrie. Face à elle, l’autre frange. Celle des déguerpis sans modestie, des licenciés offerts en pâture par des parlementaires ayant légalisé la forfaiture, des enseignants boudant une évaluation diagnostique suspectée de porter les germes d’une supposée radiation en masse, puis des opposants politiques regroupés pour la circonstance électorale afin de balayer la vague rupturienne. Au total, la bataille des blocs aussi bien politiques que sociaux s’annonce rude.

Le face à face sera forcément des plus épiques et seuls ceux qui parviendront en bloc au vieux palais des gouverneurs pourront mesurer l’ampleur des sacrifices consentis. En attendant donc le vote des bêtes sauvages qui dans l’ombre, sauront agir pour une victoire en blocs des compétiteurs né ou autoproclamés, l’odyssée parlementaire ne sera pas un jeu d’enfants. Bien malin, qui pourra donc prédire qui des blocs politiques et sociaux saura prendre d’assaut le parlement pour y asseoir sa loi !
Raoul HOUNTONDJI