La longue marche vers l’évaluation diagnostique des enseignants de l’enseignement secondaire général a donc connu son épilogue ce samedi, sur toute l’étendue du territoire national. Appelés ce jour pour évaluer leur niveau intellectuel, à la phase écrite, les enseignants du sous secteur ont massivement brillé par leur absence dans les salles. Mieux, certains centres de composition ont été le théâtre de scènes de chants et de danse ou encore, le lieu de pratiques dignes de la fête des religions endogènes, tenue le 10 janvier dernier. Au demeurant, les longues exhortations du ministre Kakpo Mahougnon sur la chaîne de télévision nationale n’a pas convaincu les enseignants. Les tournées des syndicalistes acquis à la cause de l’évaluation, à l’intérieur du pays, pour exorciser le relent du boycott, elles n’ont plus, n’ont pas pu renverser la tendance. À l’heure du bilan, il importe de tirer les grandes leçons de l’échec de ce projet phare du ministre Mahougnon. D’abord, le ministre doit reconnaître que son autorité qu’il espérait raffermir par non seulement, la tenue, mais aussi le succès de cette évaluation diagnostique, a été plus encore bafouée. Déjà passé pour maître dans l’art du rétropédalage et des revirements spectaculaires, le ministre des enseignements secondaire et techniques et de la formation professionnelle, n’avait plus bonne presse et devait par la réussite de cette évaluation, montrer qu’il est à la hauteur de la tâche. Ce ne fut pas le cas. La rage des enseignants a simplement eu raison de ses ambitions.

La déculottée est indiscutablement cinglante pour l’autorité qui, sous d’autres cieux, aurait dû rendre le tablier ce soir. Ensuite, par ce boycott massif, les enseignants du sous secteur de l’enseignement secondaire général donnent la preuve qu’ils sont comme le roseau qui plie mais qui ne rompt pas. Au lendemain de l’échec cuisant du mouvement de grève de l’année scolaire écoulée, plus personne ne s’imaginait pareille mobilisation des enseignants pour faire face au régime de la rupture. Grâce donc à cette mobilisation réussie pour faire échec à cette évaluation contestée jusqu’au bout, ils reprennent du poil de la bête. Le ministre aurait dû anticiper sur cette situation en suspendant l’évaluation pour aplanir les divergences afin de susciter véritablement l’adhésion des enseignants. Au lieu de cela, il a voulu faire un passage en force qui s’est vu opposer le véto de ces derniers. Finalement, la grande leçon qui se dégage de ce bras de fer doit être tirée par le gouvernement et son chef. Le peuple ne saurait être conduit en bête de somme au nom de réformes tout feu tout flamme. Le comprendre et corriger le tir n’est pas un faiblesse. C’est ne pas le comprendre qui serait préjudiciable aux nombreuses réformes à venir. Les enseignants ont tracé un chemin qui pourra être suivi par bien d’autres couches socio-professionnelles mécontentes du traitement qui leur est fait. Il faudra maintenant veiller à ce que le peuple tout entier ne s’inscrive pas un jour dans cette dynamique de contestation.
Raoul Hountondji