Alors que les diplômés sans emplois devenus vacataires par la force des choses attendaient un concours de recrutement pour sortir de la précarité imposée par ce métier de circonstance, c’est plutôt à un arrêté interministériel qu’ils ont eu droit. Signé le 26 octobre par le ministre des enseignants secondaires et techniques et de la formation professionnelle ainsi que ses collègues du travail et des finances, l’arrêté 134 vient fixer les conditions de recrutement, de licenciement et les devoirs du vacataire. Il fixe par ailleurs les nouveaux taux horaires à payer aux concernés, désormais selon leurs diplômes. Et alors, les clameurs fusent de toute part pour saluer l’initiative et annoncer la fin du calcaire de ces occasionnels mal traités de la craie. Mais des jubilation pour quoi donc ? À vrai dire, cet arrêté, plutôt que de régler un problème criard de manque d’enseignants qualifiés, en crée un autre : une sorte de consécration d’un emploi précaire, aux impacts jamais mesurés sur le système éducatif béninois. Désormais, la vacation devient une activité qui devrait pouvoir nourrir son homme. Les vacataires ayant désormais tous fait l’option de la professionnalisation en se ruant vers les écoles normales, l’État semble trouver dans cette disposition, une mesure compensatoire au recrutement d’enseignants qui devrait être l’urgence. D’activité autrefois réservée à des professionnels d’autres métiers qui venaient arrondir le mois dans les lycées et collèges en offrant leurs services, la vacation passe, aujourd’hui, au rang de métier. Les conditions étant créées pour le rendre plus attrayant, plus personne n’en parlera désormais comme une activité précaire ou sans dignité. Ainsi, les concours pourront toujours attendre le temps que le gouvernement voudra les organiser. Si jamais, ils ne l’étaient pas, la vacation sera une consolation dont on pourra se contenter. Des emplois, en voulions-nous, des emplois en voilà !
Raoul Hountondji