Qui n’a jamais entendu un élève ou jeune dire je vais à Cotonou passer les vacances pendant les mois d’août et de septembre ? Les années précédentes, sur les gars routières des villes de l’intérieur du pays, on voyait les vacanciers prendre des bus ou taxis en direction de Cotonou et sa ville dortoir, Abomey-Calavi. Mais pas cette année. Cotonou et Abomey-Calavi vivent leurs vacances sans leurs hôtes traditionnels, venus d’ailleurs. Ceux qui jadis, profitaient de la ruée des vacanciers vers ces deux villes se plaignent aujourd’hui de cette nouvelle situation.

« Vacances, vous dites monsieur le journaliste ? », feint de s’étonner, un conducteur de taxi moto, rencontré à Godomey, un arrondissement d’Abomey-Calavi, dans le département de l’Atlantique. «Avant, lors des vacances, nous les conducteurs Taxi moto on gagne beaucoup d’argent car plusieurs personnes viennent en vacance à Cotonou. Mais avec cette maladie de Covid-19 quand on rentre en circulation, on ne trouve plus rien, à peine mille francs ou deux mille francs par jour et tout est bloqué.»
Comme Isaac, Eugène Gandaho a aussi constaté que les deux villes n’ont pas accueilli grand monde en cette période de vacances. «Je suis chauffeur et je fais le trajet Bohicon-Cotonou. Le Coronavirus est plus présent dans les départements du Littoral et de l’Atlantique. Donc les parents n’acceptent plus que les enfants voyagent sur Cotonou ou calavi. Sinon dans les vacances des années antérieures, on conduit très bien et on gagne beaucoup d’argent. Mais cette année c’est le contraire.»
Mêmes constat et lamentations pour Henry D., responsable d’une société de transport en commun qui fait la navette Parakou-Cotonou. “Nos bus sont vides de passagers qui viennent pour les vacances pour découvrir Cotonou et ses plages, indique-t-il. lls se disent que le Coronavirus virus est plus présent au sud qu’au nord.”
Selon lui, des parents et leurs familles préfèrent rester sur place à l’intérieur du pays que de descendre vers la capitale économique du Bénin.
“Pour la première fois, il n’y a pas d’élèves venus de l’intérieur”
Pour les responsables d’établissements privés qui organisent des cours de vacances, l’heure n’est pas à la fête. “Pour la première fois, il n’y a pas d’élèves venus de l’intérieur du pays pour suivre nos cours de vacances”, confie Ferdinand T., directeur des études du complexe scolaire Camara Laye dans la commune de Abomey-Calavi. “Nous n’avons eu que nos propres apprenants pour ces vacances-ci”, ajoute-t-il.
Michel D., Censeur dans un collège privé confessionnel de Cotonou a lui aussi remarqué que ses classes s’étaient vidées de vacanciers venus d’ailleurs. “On a l’impression qu’on est déjà à la rentrée où on ne voit que nos propres élèves”.

Que répondent “ les hôtes” absents?
Contactés par Lameteo, certains jeunes qui avaient l’habitude de se ruer sur Cotonou et environs pendant les vacances confirment les raisons liées à la crise sanitaire du Covid-19. «J’aime passer mes vacances à Cotonou, car c’est une ville dans laquelle se déroulent beaucoup de manifestations culturelles que j’adore. Mais cette année, j’ai décidé de rester à Bohicon à cause de Covid-19 qui se propage un peu partout. Mes moments de distraction pour cette année se limitent uniquement aux feuilletons», justifie Romaric Dotcho, élève en classe de terminale au Ceg4 de Bohicon.
Ariel zomaletho, étudiant en deuxième année d’entrepreneuriat et gestion des projets à HECM de Bohicon donne la même raison. « Mes vacances, j’aime les passer à Cotonou parce que là-bas, une bonne ambiance y règne. Mais cette année, j’ai décidé de rester chez moi tranquillement à côté de mes parents. Cette fameuse maladie de Coronavirus m’y a contraint.»

Quid de la situation sanitaire dans le Littoral et l’Atlantique
Cotonou qui constitue à elle seule le département du Littoral et Abomey-Calavi dans le département de l’Atlantique sont les lieux les plus touchés par la pandémie du Coronavirus. En effet, selon les chiffres officiels fournis par le ministre de la santé, début juillet, “les plus de 75% des cas sont concentrés dans la zone de l’ancien cordon sanitaire dans le département du Littoral avec près de 50% des cas, de l’Atlantique et de l’Ouémé”. Dans les détails, le département de l’Atlantique a enregistré 644 cas confirmés positifs au PCR, avec à la clé 210 personnes guéries et 16 décès à la date du mardi 14 juillet 2020.