Élection présidentielle 2021 au Bénin, climat relativement calme… pour une trentaine de journalistes, tous médias confondus, le cabinet Group Siyabonga Gold en partenariat avec la Fondation Konrad Adenauer a organisé un panel de discussions entre des responsables des médias et des observateurs des pratiques de la classe politique béninoise autour du thème “partis politiques et médias : comment réussir le pari de la paix et de la stabilité sociale pendant les élections?”.
Jeudi 18 mars. Commune de Grand-Popo. Hôtel Millenium Popo Beach. Face à des professionnels des médias, Franck Kinninvo, journaliste, expert en gouvernance locale et ancien communicant à la présidence de la République sous le pouvoir de Boni Yayi, Joël Ataï Guèdègbé, membre de la société civile et Ludovic Agbadja, lui aussi ancien communicant pour des officines politiques et directeur de publication du journal Le Progrès ont partagé leurs réflexions et expériences pour maintenir et renforcer la paix et poser les jalons de la stabilité sociale en période électorale au Bénin.
« Les médias ne doivent pas être des faire-valoir d’odieuses propagandes. C’est une forme de censure et c’est fondamentalement à ce niveau que se joue la responsabilité sociale du journaliste même si les politiciens décident volontairement de faire passer des messages qui menacent la paix », indique d’emblée Joël Ataï Guèdègbé. Il illustre ses propos par la dernière élection présidentielle américaine où face à des postures pouvant mettre la paix sociale en danger, certains médias ont décidé de ne plus relayer les discours du président sortant, Donald Trump. Pour lui, un journaliste qui arrive à le faire sera vu comme un acteur honnête qui s’efforce de mettre en valeur ce qui mérite de l’être et aider le citoyen à opérer un choix.
Quant à Franck Kinninvo, il a rappelé aux journalistes qu’ils sont des coproducteurs de la stabilité sociale. « Nous sommes des coproducteurs de la paix sociale », a-t-il soutenu et d’ajouter : « Une élection peut se jouer essentiellement dans les médias.» Cet ancien communicant a d’ailleurs partagé avec les hommes des médias les pratiques de manipulation des médias et des journalistes auxquelles il s’adonnait par le passé lorsqu’il servait un régime. « Il faut éviter absolument la censure et l’autocensure parce qu’on a peur ou on est dans une relation douteuse avec d’autres forces du pouvoir politique, économique…», a conseillé Franck Kinninvo.
« Devant les micros on prône la paix et derrière on tire les ficelles »
Le modérateur François Awoudo a aussi attiré l’attention des participants sur le double langage des politiciens. Pour lui, certains acteurs politiques évoluent en agents doubles lors des périodes électorales. « Devant les micros, on prône la paix et derrière on tire les ficelles », a fait observer le modérateur. Il n’en fallait pas plus pour que les journalistes présents montrent leur intérêt et leur engagement à faire leur travail dans les jours à venir en gardant à l’esprit qu’ils sont les gardiens de la paix et de la stabilité sociale au Bénin. Par ailleurs, les panélistes ont souligné que les journalistes peuvent évoquer la clause de conscience prévue par la loi lorsqu’on leur demande de publier des informations qui menacent la paix sociale.