Parmi les nombreuses femmes qui passent quotidiennement devant la rédaction du journal Lameteo, à Abomey-Calavi, allant et venant du matin au soir dans les mêmes rues, portant sur la tête de quoi vendre, Chantal Kiki se distingue par son dynamisme et sa résilience. Depuis 25 ans, elle écoule des bananes plantains, des papayes solo et des ananas, fruits de son labeur acharné. Son parcours de femme battante est un exemple de persévérance et de succès entrepreneurial.
C’est peu après son mariage que Chantal Kiki a commencé son commerce de fruits. “Je n’étais pas une toute jeune fille quand j’ai commencé, mais je venais à peine de me marier”, se souvient-elle. Ses premiers revenus, variant de 30 000 à 40 000 francs CFA par chargement de fruits, étaient modestes, mais suffisaient pour nourrir son ambition.
Au fil des années, Kiki a su faire prospérer son activité. Grâce à son commerce, elle a pu acheter quatre parcelles de terrain, une décision stratégique qui continue de porter ses fruits. “Aujourd’hui, j’ai des ananas sur 6 parcelles de terre”, explique-t-elle avec fierté, précisant qu’elle emploie des ouvriers pour exploiter cette parcelle.
Une stratégie commerciale diversifiée
Chantal Kiki a su s’adapter aux fluctuations du marché. Elle choisit soigneusement où et quand vendre ses fruits pour maximiser ses gains. “Pour l’ananas, je privilégie le marché de Lokossa plutôt que celui de Tokpa à Cotonou, car il y a moins de concurrence”, explique-t-elle. Elle alterne également entre la vente de différents fruits en fonction des opportunités. “Si je ne trouve pas d’ananas aujourd’hui, j’achète des bananes plantains pour les vendre”, ajoute-t-elle.
Un soutien familial essentiel
Dans son entreprise, Chantal Kiki peut compter sur l’appui de sa famille. Son mari, également impliqué dans la culture des ananas, joue un rôle clé dans leur succès commun. “Mon mari cultive aussi des ananas. Quand il en reste après les ventes, j’achète le surplus pour le revendre au marché”, raconte-t-elle. Le couple a deux fils, tous deux actifs dans l’entreprise familiale. “L’un de mes garçons m’aide beaucoup pour la vente, tandis que l’aîné préfère le travail au champ”, précise-t-elle avec un sourire.
Affronter les défis du marché
Comme tout commerçant, Chantal Kiki n’est pas à l’abri des défis. Avec l’augmentation des prix des fruits, ses marges bénéficiaires ont considérablement diminué. “Les bananes sont très chères maintenant, je les vends à 500 F les trois. Mes bénéfices ont baissé à 12 000 ou 15 000 F par jour, contre 40 000 F auparavant”, explique-t-elle. Malgré cela, elle reste déterminée à continuer. “Je veux évoluer, ne pas régresser. Je me bats pour trouver le peu dont j’ai besoin, et je crois que Dieu va me bénir pour que cela devienne grand”, affirme-t-elle avec conviction.
Une vie polyvalente : la couture en complément
En plus de son activité de commerçante, Chantal Kiki est une couturière formée. “J’ai appris la couture et formé deux apprentis. J’ai une machine chez moi et je couds mes propres vêtements ainsi que ceux de mes enfants”, confie-t-elle. Bien que la couture soit une activité secondaire, elle reste un atout précieux pour Kiki, surtout lors des périodes de fêtes où la demande augmente.

Un modèle pour les femmes entrepreneures
Dans une société où l’entrepreneuriat féminin est souvent semé d’embûches, Chantal Kiki incarne la détermination et le succès. Son message aux femmes est simple mais puissant : “Quand vous trouvez le bon commerce, menez-le à bien. Ne le dépensez pas dans des choses futiles. Investissez-le pour l’avenir” Elle les encourage à persévérer face aux difficultés, car “c’est en se battant qu’on avance”, répète-t-elle.
Chantal Kiki est convaincue que chaque femme devrait avoir un métier et en apprendre un second pour garantir sa sécurité financière à long terme.