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Mpox ou la variole du singe, une menace à nos portes : “Au Bénin, pas de cas confirmés mais le risque reste élevé” [entretien avec Dr Edmond Kifouly] (1/3)

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Depuis le début de l’année 2024, l’Afrique connaît une recrudescence des cas de contamination au virus de la Mpox, anciennement appelée variole du singe. Alors que des pays voisins du Bénin, comme le Nigéria, enregistrent une transmission active de la maladie, le Bénin reste pour l’instant épargné. Face à cette menace grandissante, Lameteo a rencontré Dr Edmond Kifouly, médecin spécialiste en Santé publique et en Communication sociale, pour faire le point sur cette épidémie et les stratégies à adopter pour prévenir sa propagation.

Version audio de l’entretien avec Dr Edmond Kifouly

Lameteo : Le Bénin est entouré de pays touchés par la variole du singe. Que pouvons-nous comprendre de l’épidémie de la Mpox qui sévit en Afrique et dans la région ouest-africaine ?

Dr Edmond Kifouly : La Mpox est une zoonose, c’est-à-dire une maladie transmise de l’animal à l’homme. Cette maladie émergente a été identifiée pour la première fois chez l’être humain en 1970 en République démocratique du Congo (RDC). Aujourd’hui, elle représente un problème majeur de santé publique et a été déclarée « urgence de santé publique de portée internationale » par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Au 19 août 2024, le Centre de contrôle et de prévention des maladies de l’Union Africaine (CDC-UA) a recensé 99 176 cas de Mpox dans le monde, dont 208 décès. La RDC reste le pays africain le plus touché avec 16 123 cas cumulés et 558 décès. Le Bénin, quant à lui, n’a pas encore déclaré de cas confirmés au 25 août 2024, mais le risque reste élevé en raison de la proximité avec des États voisins comme le Nigéria et la Côte d’Ivoire, où les cas sont en augmentation.

Comment l’épidémie de la Mpox a-t-elle évolué depuis son apparition ?

Depuis son identification en 1970, la Mpox s’est principalement propagée dans les régions rurales et les zones de forêts tropicales humides d’Afrique Centrale et d’Afrique de l’Ouest. Cependant, la maladie s’est progressivement étendue à des zones de savane et des zones urbaines, puis à d’autres parties du monde. Cette expansion est en partie due à la diminution de l’immunité post-vaccination antivariolique après l’arrêt de cette vaccination dans les années 1980, mais aussi à l’impact environnemental.

Quels sont les principaux facteurs de risque associés à la transmission de la Mpox ?

La transmission du virus se fait par contact direct avec les lésions cutanées, les fluides corporels des personnes infectées, les animaux infectés ou les surfaces contaminées. D’autres facteurs favorisent la transmission, notamment l’agriculture intensive, la déforestation, l’urbanisation croissante, la perte de biodiversité, le changement climatique et les conflits militaires qui entraînent des mouvements massifs de populations.

Comment la surveillance de la Mpox est-elle organisée et quels sont les indicateurs de suivi ?

Dr Edmond Kifouly : La surveillance épidémiologique est cruciale pour collecter des données, identifier les cas suspects, probables et confirmés, et cartographier la propagation de la maladie. Au Bénin, cette surveillance est renforcée aux points d’entrée terrestres, portuaires et aéroportuaires pour détecter d’éventuels cas importés et assurer une prise en charge rapide.

Quels sont les impacts socio-économiques de l’épidémie de Mpox ?

Les impacts sont nombreux et touchent à la fois les individus, les familles et la communauté nationale. En zone rurale, l’épidémie perturbe les activités agricoles, entraînant une faible production et un risque de pénurie alimentaire. Au niveau national, les ressources sont réorientées vers la gestion de l’épidémie, ce qui affecte l’économie et le système de santé. On observe également une montée des prix et une inflation due à la perturbation des marchés.

Dr Edmond Kifouly, médecin, spécialiste en santé publique

Comment garantir une réponse efficace à l’épidémie, en particulier pour les populations les plus vulnérables ?

Pour une réponse efficace, il faut mettre fortement l’accent, au niveau national, sur les interventions globales recommandées et qui doivent être consignées dans le plan de riposte, notamment la coordination et la planification, la communication de crise, l’engagement communautaire, la surveillance épidémiologique, la recherche des cas, y compris aux points d’entrée dans le pays, la prévention et le contrôle de l’infection dans les communautés et surtout dans les centres de santé, la vaccination, ainsi que la prise en charge des cas, la recherche ciblée, le soutien opérationnel et logistique.

Il est également crucial de mettre un accent particulier sur la prévention et le contrôle de l’infection dans les centres de santé et les hôpitaux, en imposant aux agents de santé le lavage régulier des mains et le port d’équipements de protection individuelle tels que les masques, les gants, les combinaisons adaptées, les bottes et les lunettes de protection.

Quels sont les défis liés à la vaccination dans le contexte actuel ?

Comme vous le savez, l’Afrique ne produit pas de vaccins. L’OMS recommande deux types de vaccins, le MVA-BN ou LC16, ou le vaccin ACAM2000. Le CDC/UA estime qu’il faut 10 millions de doses de vaccin d’ici la fin de l’année 2024 et l’Union Africaine est en train de prendre des dispositions pour la commande de doses suffisantes de ces vaccins. Selon le directeur des centres africains de contrôle et de prévention des maladies, il existe déjà un plan pour obtenir 10 millions de doses de vaccin pour le continent d’ici 2025.

Toutefois, l’Organisation mondiale de la santé ne recommande pas actuellement la vaccination de masse. Elle suggère de cibler les personnes à risque, celles qui ont été en contact étroit avec une personne atteinte de la variole et celles qui vivent dans des communautés touchées par des flambées épidémiques.

Philippe G. LOKONON


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