Le Bénin a inhumé Roger Gbégnonvi, l’un de ses illustres intellectuels ce mercredi 26 juillet à Ouidah. Au cours de la Messe de funérailles, à la Basilique de l’Immaculée Conception de Ouidah, Cosme Gbetie, Père concélébrant a lu l’homélie de Mgr Victor Agbanou, évêque émérite du diocèse de Lokossa, empêché. Lameteo vous livre l’intégralité de la méditation.
Méditation à l’occasion des obsèques de Roger Gbégnonvi : Ouidah, ce 26 juillet 2023
Chers frères et sœurs dans le Christ,
Chers amis et connaissances de notre frère
Roger,
Je voudrais joindre ma voix à la vôtre pour dire notre proximité et nos sincères condoléances à la famille de celui que nous confions à la miséricorde du Seigneur en ce jour. A sa femme et à ses enfants, j’exprime du fond du cœur notre compassion en ces heures de vives douleurs. Toute séparation est, en effet, douloureuse. Elle l’est davantage quand il s’agit d’un être cher, d’un être qu’on a côtoyé, choyé, aimé, écouté, taquiné, soutenu et encouragé, un être cher qui nous a porté, aimé en retour, conseillé, avec qui nous avons passé des moments uniques et exceptionnels, un être qui nous a tiré vers le haut et nous a donné tout l’amour et toute l’affection dont il était capable. Qu’il soit notre mari, notre père, notre frère ou notre ami, un être cher est irremplaçable et aucun mot de compassion n’est jamais assez puissant pour calmer la peine que sa disparition nous inflige surtout qu’aucun signe ne présageait que nous ne le reverrions plus jamais. Tous ceux qui nous quittent nous laissent toujours une plaie au cœur. Plaise à Dieu que cette plaie demeure éternellement le lien vivant de notre attachement à leur personne par-delà la mort et la séparation.
Je dis nos condoléances à tous celles et ceux que le rappel à Dieu de notre frère Roger plonge dans l’affliction et le désarroi. Que le Dieu des Miséricordes fasse pleuvoir sur lui la rosée de son infinie bonté et le reçoive dans sa paix.
Chers amis,
De Roger Gbégonvi, il y a beaucoup à dire, beaucoup à partager. Pour avoir fait le séminaire avec lui, je prends sur moi la responsabilité, et je l’assume, de dire que Roger était vraiment Gbégnonvi. La compréhension que m’inspire son nom, depuis les bancs au séminaire de Ouidah, me l’a fait toujours comparé au fruit d’une bonne chasse : Gbé gnon vi. Il est le fruit d’une bonne aventure et la trajectoire de sa vie nous convainc tous qu’il aura été tout, sauf un peureux. On ne peut pas être le fruit d’une bonne chasse et fuir les épreuves et les adversités. Celui que nous pleurons en ce jour, qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, ne fait pas partie des hommes dont l’abord ou le contact vous laisse indifférent. Il sait qui il est, lui, et de quoi il est capable, il sait qu’il est le fruit de la chasse et que son destin ne peut se réaliser loin des adversités et des combats. Intellectuel bon teint, il aura laissé derrière lui, dans le ciel de notre culture, des lignes flamboyantes qui nous le rappelleront encore et encore.
Ces paroles, comme un compendium et un testament, disent en réalité qui est celui que nous honorons en ce jour : l’intellectuel rigoureux.
Le 5 juillet 2016, au Grand séminaire Saint Gall, rendant témoignage pour son camarade, notre camarade de promotion l’Abbé Olympe Ahlinvité, à l’occasion de ses obsèques, Roger Gbégnonvi a déclaré : « En cette année de la Miséricorde, tu es sorti du noir éprouvant des choses, et tu es entré dans « l’aurore de Dieu ». Puisque tu nous y auras précédés, tu es certainement d’ores et déjà disposé à nous présenter la Maison du Père, le jour où viendra notre tour. »
Ce jour est maintenant venu pour toi Roger. Puisse Dieu le Père Tout Puissant, dans sa grande miséricorde t’accueillir dans sa maison, et nous, puissions-nous continuer à vivre nos vies avec l’amour, l’humilité et le service, dans l’esprit de l’Evangile du Christ.
Nous prions le Seigneur, le Semeur, de continuer de répandre le grain dans la terre que nous sommes. Qu’il nous aide à porter des fruits de vie et d’éternité. Qu’il donne sens à notre vie et nous aide à prendre en toute conscience « le train d’enfer de la lucidité, quitte à ramer à contre-courant des flots de paroles soporifiques, béatifiantes et faussement sécurisantes ». Ce qui guérit, c’est le pain venu du ciel, l’Eucharistie. Ce qui donne la vie éternelle, c’est le corps du Christ donné à son Eglise comme gage et nourriture. Amen