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Députées béninoises : mode d’emploi [Chronique Roger Gbégnonvi]

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Le mandat du député béninois, « représentant de la Nation tout entière », tient en une phrase lapidaire : « Il exerce le pouvoir législatif et contrôle l’action du Gouvernement » (art.79). Exit donc corporatisme et sexisme. Mais la 9ème Législature a vu le nombre d’élues passer de symbolique à substantiel. Ce ne peut être pour rien. Il est à souhaiter que ces élues forment un groupe transversal et informel qui aura pour mode d’emploi de peser avec force pour dessoucher par des lois tels maux spécifiques qui frappent la femme béninoise ici et là dans la Nation. Voici trois de ces maux dont l’éradication bonifiera « la Nation tout entière ».

1.- Dépigmentation : – Elle fait partie de ces maux trompeurs où le tout-venant finit par voir un bien. Elle est pourtant si nocive que l’Agence béninoise de régulation pharmaceutique (ABRP) envisage que « les produits dépigmentant ne seront pas autorisés ». Et ce ne serait pas enfreindre les droits de la femme concernée au premier chef par la dépigmentation, ce serait faire œuvre de salubrité physique, mentale et nationale. Physique : la femme serait ainsi protégée contre de graves maladies de la peau ignorées de la médecine. Mentale : la femme serait ainsi amenée à être fière de son apparence extérieure et à la soigner sans devoir la détériorer. Nationale : c’est la femme qui donne naissance au monde. Si elle se détériore pour se sentir faussement bien dans sa peau, la nation à laquelle elle appartient ne se sentira pas bien dans la sienne. Les députées devraient donc peser en faveur d’une loi pour accompagner l’ABRP afin que l’introduction au Bénin des produits dépigmentant ne reste pas impunie.

2.- Excision : – « Si nous ne faisons pas ça, les femmes vont nous dominer », explique un septuagénaire, rencontré dans son village où l’excision est la norme, suivie souvent de l’infibulation à répétition. Et tous et toutes, au nom d’une coutume bête et méchante, valident la souffrance perlée qui s’ensuit pour la femme : si elle meurt en couches des suites cruelles de l’excision-infibulation, on le regrette. Mais il reste important que le mari puisse compter sur la stricte fidélité conjugale de ses épouses. Car c’est le mâle qui, par peur de n’être pas le dominateur commun de son harem, a institué et imposé la barbarie de l’excision-infibulation. Des ONG sont à pied d’œuvre pour expliquer aux maris que la fidélité au bout du couteau de l’exciseuse sur la jeune fille nubile participe des pratiques inhumaines et dégradantes, et que ce couteau fait du triste polygame le cynique gardien de femmes éteintes, endolories et sans désir. Les députées devraient supporter ces ONG en obtenant le vote d’une loi contraignante qui mette fin au calvaire de la femme béninoise en régime atroce de mutilations génitales.

3.- Infanticide : – De la case où elle vient d’accoucher, la parturiente sort, les mains à plat sur la tête. La dame préposée au macabre service a compris. Elle court se saisir de l’enfant qui vient de naître et le détruit de façon impitoyable. Né par le siège ou face contre terre ou avec une fausse dent, etc., ce nouveau-né est un sorcier, qui causera la mort de tous dans le village si l’on ne le supprime pas à la naissance. Bêtise et méchanceté au bout de la peur. Ici aussi, des ONG sont à pied d’œuvre pour que des villages entiers en finissent avec une coutume des plus absurdes et des plus barbares. Et les élues de la Nation devraient faire voter une loi contraignante pour que le Bénin en finisse à tout jamais avec le massacre des innocents.

Sur les trois tableaux, dont la méchanceté va crescendo, c’est la femme qui ploie sous des fardeaux dits coutumiers, institués et imposés par le mâle. Même la dépigmentation en passe de devenir coutumière est pour lui plaire. Pour l’exemple, aucune femme, après neuf mois de gestation, n’accepte gaiment que la coutume lui tue son bébé décrété sorcier. La peur engendre barbarie et assassinat. Les députées feront grand et beau le Bénin en faisant voter des lois qui sortent la femme béninoise des ghettos sinistres où l’enferment des coutumes qui la dégradent. « La femme est l’avenir de l’homme ». Son bonheur est celui de tous.

Roger GBÉGNONVI

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