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Violente percée de Zemmour à Cotonou [Chronique Roger Gbégnonvi]

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Il s’agit du premier tour des élections présidentielles françaises le 10 avril 2022. Avec 7,10% des voix au Bénin, pas loin de son score sur le plan national français, le candidat Éric Zemmour se retrouve dans le peloton de tête, 3ème derrière Mélenchon 2ème et Macron 1er.

Cette relative bonne performance de Zemmour à Cotonou est étrange. Deux ou trois touristes français qui auraient accompli opportunément sur place leur devoir civique ne choqueraient pas vraiment s’ils portaient leurs voix, à Cotonou, sur le candidat qu’ils aiment, Éric Zemmour. Leurs deux ou trois bulletins auraient laissé ce dernier dans les décombres d’un impondérable 00,01%. Car il est exclu que quelque Béninois de nationalité française résidant au Bénin, voire ailleurs dans le monde, ait pu songer à aider Zemmour en lui apportant son suffrage. D’où il ressort que les 7,10% obtenus par Éric Zemmour et qui lui permettent de monter sur le podium des trois premiers est nécessairement le fait des expatriés français installés au Bénin pour y travailler et gagner leur vie un certain temps.

C’est en cela que réside la violence, c’est en cela que réside la faute à condamner en termes de violente percée de Zemmour à Cotonou. Pour autant, il n’est pas question d’attenter à la liberté de l’individu de voter en conscience pour le candidat de son choix et de sa volonté. Mais s’agissant de voter pour Éric Zemmour à Cotonou, en Afrique, la volonté de l’individu français résidant au Bénin doit entrer en débat avec sa conscience, et sa conscience doit lui dire de se retenir, lui interdire d’émettre un tel vote à Cotonou, un vote qui nargue les Africains avec qui il vit et travaille. Savoir raison garder pour la raison évidente que le projet politique d’Éric Zemmour est bâti sur la peur dudit « grand remplacement », peur que des peuples non français s’établissent en majorité en France. Projet anxiogène et xénophobe dont Éric Zemmour assume l’intense violence. Projet politique antihumain et très anti-africain. Projet au bout duquel toutes les raisons seront bonnes pour chasser de France les Africains qui y travaillent et pour empêcher d’y entrer travailler les Africains qui le voudraient. Voilà pourquoi le Français vivant et travaillant au Bénin, en Afrique, devait aller à la pêche pour ne pas aller insulter les Africains en votant Zemmour, le candidat de la peur de l’autre, s’il s’avère le candidat de son cœur. S’abstenir dans ce cas ressortit à l’éthique, à la décence, à la convenance, au respect dû aux Africains avec qui l’on vit et travaille.


Mais il semble que ce soit trop demander à un Français que de lui demander de respecter un Africain. Le 11 avril 2021, le Chef d’Etat béninois est réélu pour un second mandat. Mais c’est le 12 mai 2021 que son homologue français lui adresse, non pas un message de félicitations, mais une épître de leçons de gouvernance, épître aussitôt donnée à lire sur l’agora des réseaux sociaux. L’épistolier n’aura pas respecté la règle diplomatique qui s’impose à lui en la circonstance. Il s’est permis cet écart désinvolte parce qu’il s’adressait à un Africain de son rang. Ferait-il ‘‘ça’’ à un quelconque Européen du même rang que lui ?

Le 10ème paragraphe de l’avant-dernier chapitre du projet politique de Jean-Luc Mélenchon, « L’avenir en commun », s’occupe de l’Afrique pour, entre autres : « Permettre aux pays africains des zones CFA d’avoir une monnaie dont ils soient les seuls maîtres et dont ils puissent définir les contours. » Le « permettre » dit que, même pour Mélenchon, il ne convient pas que les pays africains concernés, indépendants et souverains, décident par eux-mêmes de se libérer des « accords secrets » qui les ligotent et battent enfin monnaie.

Infantilisation et humiliations sont violences infligées sans cesse à l’Afrique. Leur masse génère debout le Mali. Les expatriés français qui, à Cotonou le 10 avril 2022, ont voté Zemmour, ont fait un pas violent en direction de debout l’Afrique. Faut-il les en féliciter ?

Roger GBÉGNONVI

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