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Deux chefs se donnent la main à 77 ans de distance [Chronique Roger Gbégnonvi]

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Mais d’abord revisiter les origines lointaines du mal concocté par le chef émérite KGB, et non par le peuple sur qui il règne, car les peuples n’épousent pas le ver de guerre qui se tortille dans le cerveau de leurs dictateurs. Ver daté du jour où, rongé par la jalousie, Caïn assassina son jeune frère Abel. Yahvé punit le crime. Le criminel récrimina. Yahvé transforma la punition en bénédiction : « Si quelqu’un tue Caïn, on le vengera sept fois. Et Yahvé mit un signe sur Caïn, afin que le premier venu ne le frappât point » (Gen., 4/15). Puissants et forts, Yahvé et Caïn tinrent le pauvre Abel pour quantité négligeable. Genèse de l’impunité des puissants. Car ce traitement bienveillant de Caïn assassin encourage subtilement ses émules. Ils brisent les garde-fous, usent et abusent de la force. Sous des prétextes destinés à plaire à la bête en eux, ils lacèrent les petits et les humbles, assassinent la veuve et l’orphelin.
Ainsi, pour avoir suivi les bons conseils d’un habitant du même jardin qu’elle, la femme est jugée par Yahvé coupable de désobéissance et rendue responsable en chef de la fermeture du jardin. Et Yahvé la crucifie : « Je multiplierai les peines de tes grossesses, dans la peine tu enfanteras des fils. Ta convoitise te poussera vers ton mari. Et lui dominera sur toi » (Gen., 3/16). Ce qu’ayant entendu, Allah applaudit et tend la main à Yahvé, entérine ladite désobéissance dans le jardin, et ordonne à son prophète Muhammad de tonifier ladite domination de l’homme sur la femme : « Pour celles dont vous craignez la désobéissance, réprimandez-les, reléguez-les dans des lits à part et battez-les… » (Coran, 4/34). Décrétée « sexe faible » par son compagnon musclé, voici la femme vouée á tous les coups et à toutes les morts. Et pour la clarté de son sort, à côté de l’homicide répandu, il y a désormais le spécifique féminicide, dont peut se targuer le mâle musclé pour joncher de cadavres la terre.
En fait, il s’agit du sadisme partout cultivé du mâle musclé, de ses horreurs et de ses bestialités. Confronté à son propre délire, il panique, mais pour ne pas reculer, il habille de divinité ses turpitudes. Derrière livres dits saints et textes dits sacrés, il se livre à la besogne.
S’il avait eu beaucoup de science, le chef suprême SS aurait pu adosser la shoah au quatrième évangile à l’antisémitisme assumé : « Il est venu chez lui et les siens ne l’ont pas accueilli » (1/11), « Vous êtes du diable, votre père, et ce sont les désirs de votre père que vous voulez accomplir » (8/44) « Je vous le dis, avant qu’Abraham existât, Je Suis » (8/58), etc. Sans science, il ne se justifia, en partie, que du passage où, à coups de lanière, les négociants juifs sont chassés du Temple. Au matin du 24 février 2022, le chef émérite KGB n’a eu besoin que de s’adosser à cette civilisation sans pitié pour les faibles. Et il fulmina : « La Russie d’aujourd’hui reste l’un des Etats nucléaires les plus puissants.» Puis, à l’adresse d’éventuels résistants à son entreprise de fer et de feu : « Ils doivent savoir que la Russie répondra immédiatement, et les conséquences seront telles que vous n’en avez jamais vues dans toute notre histoire. » Est-ce « la solution finale » projetée par le chef suprême SS ?
Si ce n’est pas pure rodomontade, alors l’humanité sait à quoi s’en tenir : la troisième guerre mondiale qu’elle redoutait est renvoyée aux calendes grecques. En lieu et place, le chef émérite KGB inaugurera la première guerre nucléaire, qui sera la dernière des guerres, celle qui résoudra tous les problèmes de la terre. Réchauffement climatique, Covid-19 et ses variants, etc., n’auront plus personne à maltraiter. Et il n’y aura plus de soldats africains dits tirailleurs sénégalais, privés de solde et exterminés à Thiaroye. Etc. Bref, la fin de toutes les barbaries grâce au courage atroce, monstrueux, du chef émérite KGB venu achever la besogne entamée par le chef suprême SS. Et pas de psychanalyste pour analyser le cas de ces deux chefs se donnant la main à 77 ans de distance. Car il n’y aura plus de psychanalyse.

Roger GBÉGNONVI

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