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Du Faso au Mali après 60 ans de verrou [Chronique Roger Gbégnonvi]

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Car la révolte malienne en 2021 ressortit subtilement à la révolution burkinabé en 2014 lorsque, voyant flamber le parlement de l’imposture, le servant de l’imposture s’enfuit, exfiltré par le puissant commanditaire des indépendances-impostures africaines. Contesté aujourd’hui au Mali, le puissant commanditaire tourne en rond comme à la recherche d’une nouvelle posture ou d’une bouée de sauvetage. Pour lui aussi, voici une simple mise en perspective des indépendances-impostures qu’il a commanditées et conduites en Afrique.
L’indépendance de la Guinée-Conakry fut écrasée par lui à sa naissance. Il avait proposé le choix entre la Communauté et l’indépendance. Or c’était une imposture. Pas d’alternative. Il n’y avait de choix que celui de la dépendance communautaire. Sékou Touré l’apprit à ses dépens. De peur que la vengeance du puissant commanditaire ne l’envoyât sous terre expier son choix de la dignité, il décréta sa très détestable « dictature du peuple pour le peuple » et se mit à voir des complots partout. Le peuple de Guinée en bava : sinistre camp Boiro, exécutions sommaires, pendaisons à ciel ouvert, inanitions, fosses communes. Torride. Et les Guinéens tremblaient comme ne doit pas trembler un peuple libre et indépendant. Braver de cette manière le commanditaire des indépendances-impostures ?
La tragédie de la Guinée prise au piège de l’imposture du colonisateur enseigna à beaucoup à ne pas tenter le diable. Deux ans après la Guinée, ils furent plus d’une dizaine de pays au sud du Sahara à recevoir docilement l’indépendance donnée, au jour et à l’heure fixés par le donateur et, surtout, à ses conditions appelées « accords secrets » qui ont pour vertu d’empêcher indépendance et liberté en maintenant intact l’ordre colonial sous des dehors même pas souriants puisque derrière le rideau le colonisateur mène le bal en chorégraphe maître-chanteur et machiavélique. Il tance. Il corrige. Quand il le juge bon pour lui, il ordonne qu’on déchire les constitutions, qu’on inverse les résultats des élections, que le fils succède au père. Avec force et constance il soutient les dirigeants strictement soumis aux « accords secrets ». Il en résulte des conflits postélectoraux. Deuils. Misères. Et le colonisateur est indifférent aux malheurs causés par lui et par ses servants. Cynique.
Normal que l’Afrique soit absente de ses discours de campagne électorale. On ne discute pas de l’Afrique condamnée à servir la survie de l’Hexagone. Le scrutin fini, l’élu se rendra sur l’une de ses terres pour redire à l’Afrique en présence d’une portion de sa jeunesse lettrée la douceur de la coopération : « Nous tenons à vous. Nous aiderons toujours l’homme africain que nous voulons hors de l’histoire ». Or voici l’exception de cette année électorale 2022. A la page 151 de son « Programme pour l’Union Populaire » (159 pages en tout), le prophète de la VIème République, écho apaisé de Robespierre, va « Construire une relation avec l’Afrique basée sur la souveraineté des peuples », va « Permettre aux pays africains des zones CFA (dont la partie ouest est devenue zone ECO) d’avoir une monnaie dont ils soient les seuls maîtres et dont ils puissent définir les contours », etc. Et Dalida de chanter : « Paroles, paroles, paroles… » Car point ne s’octroie la souveraineté, les pays africains concernés arracheront la leur. Car les pays africains concernés n’ont pas substitué ECO à CFA pour continuer à sustenter l’Hexagone. Car aucun dirigeant de l’Hexagone ne fera l’Africain maître pour voir l’Hexagone dégringoler de 5ème à 20ème puissance du monde.
Car, après 60 ans de verrou, la seule solution pour les pays africains concernés passe par Ouaga 2014 et Bamako 2021. On ne les arrêta plus. Car, contre les « accords secrets », ils ont pris la flamme de Thomas Sankara, ils vont « Oser inventer l’avenir ». Désormais donc, l’Afrique ne sera plus la vache à lait de l’Hexagone. Elle osera son indépendance et sa liberté.

Roger GBÉGNONVI

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