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Heureux nouveau départ entre Afrique et France [Chronique Roger Gbégnonvi]

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Heureux nouveau départ entre Afrique et France [Chronique Roger Gbégnonvi]

Afrique pour anciennes colonies françaises d’Afrique, représentées en la circonstance par le Mali. A la tribune des Nations Unies le 25 septembre 2021, son représentant tint à l’égard de la France des propos pas vraiment amènes mais qui, en creux, reflétaient un désir de France en termes de ‘‘Tu vas nous manquer si tu t’en vas’’. En creux. Mais en relief, ce fut brutal : « Abandon en plein vol. » La formule a résonné ‘‘infidélité cynique’’. Et le Mali en prenait les nations du monde à témoin. Pour la France, c’était un affront. Et elle mit son point d’honneur à l’effacer dès le 30 septembre avec des mots forts que les deux suivants résument assez bien : « Ingratitude éhontée. » D’où il ressort que le Premier Ministre malien et le Président français ont tourné le dos au politiquement correct. Pourquoi, comment en sont-ils arrivés à cette clameur de rancœur à micro ouvert ? Fatigue et désenchantement ?
Il faut dire que le Mali subit depuis longtemps un tourbillon de violence, qui entame la patience des plus optimistes et pourrait proposer le sauve-qui-peut aux plus courageux. Deux coups d’Etat successifs sont le symptôme de ce désarroi. Par ailleurs les responsables politiques maliens portent, telle une écharde en leur chair, la mort de soldats français – 52 à la date du 30 septembre – sur leur terre. Ils savent que la dette sera d’autant plus lourde que le conflit traînera en longueur. Ils savent que demain, à la fin de la rébellion, les Maliens devront payer pour les armes françaises de la guerre et pour les soldats français morts au combat. Facture libellée en termes probables de confiscation de la souveraineté nationale en ce qui concerne l’économie et la politique étrangère. Demain, à la fin de la rébellion… L’avenir que l’on dit sombre est un avenir qui existe. Mais existe-t-il aujourd’hui un avenir pour le Mali ? L’on comprend, à cette question, l’exaspération du Premier Ministre malien.
Il faut dire que la France est, depuis quelque temps, dans un tourbillon de doute susceptible de faire oublier leur latin à ses enfants les plus forts en thème. Le recul des partis politiques classiques a pu induire une certaine perte des repères habituels. Laquelle perte aura entraîné, en contrepartie, une montée des extrémismes et la naissance de quelque rigidité dite radicalité. Le tout sur fond de grogne sociale, sport quotidien dans l’Hexagone. Convertis à l’insurrection permanente depuis 1789, les Français ont inventé en 2018 le mouvement des Gilets-Jaunes, serpent de mer et épée de Damoclès au-dessus de la tête des dirigeants. Et pourtant, la France continue d’honorer son rang dans le monde. Le montant élevé de sa dette publique ne l’empêche pas d’être présente contre le terrorisme au Sahel ou de promettre 100 millions de tonnes de vaccins anti Covid-19 à l’Afrique, etc., etc. L’on comprend, à cette tension tous azimuts, l’exaspération du Président français.
Et pourtant, l’indignation qui a pris source le 25 septembre et trouvé embouchure le 30 septembre signifie le temps du respect entre Afrique et France. L’homme à l’embouchure n’est pas comptable des indépendances concédées en ayant gardé par devers soi toutes les clés de la liberté. L’homme à la Source n’est pas comptable des indépendances reçues avec sourires transis, salamalecs et genoux tremblants à chaque convocation au Palais de l’Elysée. Débarrassés du complexe françafricain, les deux responsables sont sincères. Ils se disent, en des termes francs, des choses qui fâchent, pour que l’entraide devienne enfin vérité, pour que chacun puisse, avec humilité, apporter le peu qu’il a pour la paix et le progrès des peuples. Le peu qu’il a car, au regard de l’univers et de ses infinis, personne n’a grand-chose.
Les couples, les amitiés, les partenariats, s’épurent et se renforcent à l’épreuve des chutes et des relèvements. Et dixit Saint-John Perse, « Il n’y a plus pour nous d’entente avec cela qui fut ». Saluer donc avec ferveur l’heureux nouveau départ entre Afrique et France.

Roger GBÉGNONVI

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