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Besoin d’une Négritude d’avenir [Chronique Roger Gbégnonvi]

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Recherches méthodiques et publications savantes ont permis à Cheikh Anta Diop de « rendre justice à la race nègre en lui reconnaissant le rôle du plus ancien guide de l’humanité dans la voie de la civilisation au sens plein de ce mot. » C’était en 1954. Avant lui, effaré par l’enfer terrestre de la deuxième guerre mondiale, son compatriote, Léopold Sedar Senghor, avait supplié les masques nègres pour « Que nous répondions présents à la renaissance du monde / Ainsi le levain qui est nécessaire à la farine blanche. / Car qui apprendrait le rythme au monde défunt des machines et des canons ? Qui pousserait le cri de joie pour réveiller morts et orphelins à l’aurore ? » Le socio-anthropologue et le poète-écrivain ont déployé des trésors intellectuels « pendant les années difficiles (1948-1953) de lutte anticolonialiste [pour] doper les peuples culturellement déshérités, pendant la phase de lutte pour l’indépendance », écrit encore Diop en 1964. Leurs écrits (ils ne sont pas les seuls), constituent un des corpus de la Négritude, dont l’esprit pourrait se résumer : avant que le non Nègre conquérant ne prenne la planète en main, les Nègres d’Afrique étaient au pinacle, avec étendard bariolé de fierté et de gloire ; et ils pourraient redevenir les maîtres du monde, parce qu’Aragon a écrit : « Tout ce qui fut sera pour peu qu’on s’en souvienne. »
Mais on est loin, très loin du compte après six décennies d’indépendance africaine. Le non Nègre conquérant, venu détrôner le Nègre caracolant d’avant la Négritude, est toujours là. Il fait et défait les régimes politiques en Côte d’Ivoire. Contre le terrorisme il protège le Mali, le Niger, le Tchad, etc. Pour son propre développement, il exploite pétrole et uranium d’Afrique. Grâce au franc CFA, sa création, il contrôle une bonne partie de l’économie des Nègres subsahariens, etc., etc. Confrontés à cette dépendance exacerbée vis-à-vis du non Nègre conquérant, les Nègres des indépendances – ils ont trente ans et le double – se sont hardiment agrippés à la Négritude de leurs aïeux et sont descendus plus bas que leurs aïeux. Et ils ont trouvé. Arrimés aux Nègres des Amériques, ils ont trouvé monts et merveilles.

L’Egypte fut terre de Nègres. Les pharaons étaient nègres. L’auteur des fables de La Fontaine, c’est Esope, Nègre esclave en Grèce où il a marqué les esprits en racontant des contes, genre alors inconnu en Europe. Transcrits et publiés, ils ont été recopiés par Jean de La Fontaine. Vérité vraie ! Et puis, Copernic et Galilée, c’est zéro ! « Ce ne sont pas eux les originaux », mais des astronomes africains dont les manuscrits de Tombouctou renferment les trouvailles. Et le Christ, oui, Jésus-Christ soi-même est noir, autant que Barack Obama. Guillaume Apollinaire parlait des « fétiches d’Océanie et de Guinée » en termes de « Christ inférieurs des obscures espérances ». Qu’il se le dise, le Christ authentique est noir. D’ailleurs un archevêque du Bénin ne veut plus que des statues noires dans les églises de son diocèse. De noircir le panthéon catholique rehaussera la dignité des Nègres. Vérité vraie !
Mais, alerte ! Occupé à approfondir sa Négritude, le Nègre ne voit pas que le non Nègre conquérant presse le pas à travers l’intelligence artificielle pour se retrouver en transhumanisme et détrôner l’homo sapiens auquel s’accroche encore l’homo africanus, qui devrait maintenant se demander si ce que le non Nègre conquérant va lui incorporer pour le sauver du Covid-19 n’est pas le début de la fin de ses lubies nègres et la voie menant à un Organisme humain génétiquement modifié (OHGM). En tout état de cause, il est besoin d’une Négritude d’avenir pour que le Nègre ne subisse plus les conquêtes, mais y participe. « Comment ? Je ne sais. Nous essaierons dans notre coin ! Dans notre petit atelier ! Le plus petit canton de l’univers est immense, si la main est vaste, et le vouloir non las », dit Aimé Césaire, penseur nègre du besoin d’une Négritude d’avenir dans un présent dynamique.

Roger GBÉGNONVI

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