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Démocratie et honnêteté politique au Bénin [Chronique Roger Gbégnonvi]

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Le bilan matériel du Bénin transfiguré en cinq ans de labeur porte en filigrane un bilan immatériel à l’importance indépassable : la confiance retrouvée en soi Béninois, l’assurance que, loin d’être nuls, les Béninois sont capables de s’organiser ensemble pour le progrès de l’homme ici et maintenant. Reconnaître et saluer ce bilan immatériel reflété par le bilan matériel de la Rupture ne saurait signifier allégeance à X ou à Y, capitulation, renonciation á son idéologie politique, quand on en a une. Car en démocratie, il est du devoir légitime de l’opposition politique de chercher les zones d’ombre, de les mettre en exergue à l’attention du pouvoir afin que nul n’aille croire que tout est beau dans le meilleur des mondes. Mais si la politique est l’art d’organiser la cité en vue de son progrès constant, la critique politique, noblesse de la démocratie, ne peut pas consister à jeter le bébé avec l’eau du bain, elle doit rester l’art d’amener les dirigeants à ne pas s’assoir sur leurs lauriers. La critique politique ne peut pas faire abstraction totale d’une certaine honnêteté politique.
Or, le 13 janvier 2021, le Front pour la Restauration de la Démocratie au Bénin a parié sur le tout noir du rien-ne-va et exigé, entre autres, « le retour de tous les citoyens béninois contraints à l’exil ». Contraints à l’exil par eux-mêmes. Soit l’on ne veut pas rendre compte de choses graves que la justice vous reproche – c’est le cas en l’occurrence –, soit l’on ne veut pas se laisser dicter sa vie par un régime autocratique – ce fut le cas sous le PRPB –, soit l’on ne croit pas en l’honnêteté des gens de justice commis pour vous juger, etc., alors on se cache et on décampe. On reviendra, peut-être de guerre lasse. L’exilé quitte son pays la mort dans l’âme. Lui seul décidera de quand il reviendra pour rendre compte et retrouver la joie.
Or, le 18 février 2021, le Groupe National de Contact adresse une puissante et longue lettre au Chef d’Etat-Major des Forces Armées Béninoises pour lui demander de prendre ses responsabilités en ce qui concerne, entre autres, « la défense légitime de la Constitution du 11 décembre 1990 ». Au vu des plus de cent ampliations urbi et orbi, l’impression prévaut que le Groupe National de Contact n’a pas grande confiance dans le succès de l’entreprise. Il se souvient sans doute que d’éminentes personnalités, un Vendredi Saint, s’y sont essayées en plein marché à Cotonou, et que le peuple les a ignorées, méprisées. Avec l’armada appelée en renfort à la fin de sa lettre, le Groupe National de Contact espère-t-il, cette fois-ci, arrêter le peuple en marche et le renvoyer à ses anciens démons, à son ancienne misère ?
Or, entre le 13 janvier et le 18 février, le grand parti d’opposition, Les Démocrates, a désigné son candidat à la Présidence de La République. Et ce fut la surprise. Tous pensaient en effet, compte tenu de la fringance du leader du parti, qu’il était son candidat naturel. L’inattendu porte-drapeau est, certes, auréolé de réputations, mais n’a jamais été vu, au Bénin, s’afficher avec les opposants, et son opposition à la Rupture ne paraît pas non plus une chose évidente. Sa mise en orbite présidentielle troubla les vrais démocrates. Que fait-on du respect du peuple ? Dans les cases enfumées et les salons huppés, on se demanda si de noires divinités ne tiraient pas, dans l’ombre, les ficelles du grand parti Les Démocrates.
La cohérence entre les trois lieux ci-dessus s’appelle déficit de probité, absence d’honnêteté. Certes, l’on dit chimérique l’honnêteté en politique. Or « Dans un paysage baigné de lumière, il y a des ombres. » Et celui qui s’attache à ne voir que les ombres et pas la lumière commet le mystérieux « péché contre l’Esprit », dont Jésus-Christ a dit qu’il est le seul que Dieu ne pardonne pas. Puissent donc les opposants béninois voir, eux aussi, la lumière apparue à l’horizon du Bénin, et œuvrer pour qu’elle triomphe des ombres et baigne l’ensemble du paysage béninois. Pour le progrès de l’homme. Pour le bonheur de tous.

Roger GBÉGNONVI

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