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Dieu et le Covid-19 [Chronique Roger Gbégnonvi]

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Lorsque nous ne sommes pas en soin intensif pour avoir été testé positif et déjà atteint, nous pouvons nous offrir le loisir douloureux d’entendre ce que nous dit le Covid-19. Car il semble qu’il nous fasse obligation de mieux nous écouter nous-même, de redécouvrir certains de nos textes les plus prestigieux pour mieux entendre ce que nous leur faisons dire, notamment sur Dieu censé avoir créé le monde et nous, censé être notre Protecteur et La Grande Lumière sur nos vies. L’exercice se trouve facilité par la baisse de l’agitation universelle, baisse imposée par le Covid-19 sur fond de notre impuissance à le vaincre.
Alors nous entendons à nouveau et mieux le peuple Aja-Tado qui affirme depuis toujours que « Est Vodun ce que l’homme déclare Vodun » et que « Le Vodun est toujours porté sur la tête d’un homme ». Au risque donc de suggérer que la Divinité ne préexiste pas à l’homme, et que c’est l’homme qui la crée. Peut-être pour s’augmenter lui-même et « être plus », comme dirait Teilhard de Chardin. Les théologiens assermentés y perdent leur latin.
Alors nous entendons à nouveau et mieux la fin du prologue de l’évangile de Jean : « Nul n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est tourné vers le sein du Père, lui, l’a fait connaître ». Au risque donc de faire écho au ci-devant ‘‘toujours porté sur la tête d’un homme’’. Et quid de ceux qui n’ont pu être jamais au contact du Fils unique ? Au IVème siècle, le Concile de Nicée se démarqua du peuple Aja-Tado en décrétant le Fils unique « Engendré non pas créé, de même nature que le Père ». La génétique s’en est trouvée perturbée. Jean en voulait à ceux des siens qui tenaient à maintenir un lien entre le christianisme naissant et le judaïsme dont ils venaient de s’éloigner. D’où sa déclaration de rupture claire et nette : « L’heure vient où ce n’est ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père… Dieu est esprit, et ceux qui adorent, c’est en esprit et en vérité qu’ils doivent adorer » (4/21-24). Alors, « adieu veau, vache, cochon, couvée » comme dans la fable de La Fontaine ? Adieu les temples, le culte, les prêcheurs et les pèlerinages ? Car, selon saint Augustin l’Africain, docteur de l’Eglise, en quête de Dieu : « C’est toi que je cherchais ! Mais toi, tu étais plus intime que l’intime de moi-même et plus élevé que les cimes de moi-même. » Pourquoi donc aller chercher dehors, ailleurs, hors de moi, Dieu qui est à l’intérieur de moi ?
Alors nous entendons en 2011 l’astrophysicien, Stephen Hawking : « Chacun de nous est libre de croire ce qu’il veut, et mon point de vue est que l’explication la plus simple est qu’il n’y a pas de Dieu. Personne n’a créé l’Univers, et personne ne dirige notre destin. Ceci m’amène à comprendre cela : il n’y a probablement pas de paradis ni de vie après la mort. Nous n’avons que cette vie-ci pour apprécier le grand schéma de l’Univers, et j’en suis extrêmement reconnaissant. » L’Univers sans Dieu ! En sa tombe, Pascal perd son latin.
Sa science éminente fait du professeur Hawking un des artisans de l’intelligence artificielle, dont il disait en 2014 : « Je pense que le développement d’une intelligence artificielle complète pourrait mettre fin à l’humanité. Une fois que les hommes l’auraient développée, celle-ci décollerait seule et se redéfinirait de plus en plus vite. Les humains, limités par une lente évolution biologique, ne pourraient pas rivaliser et seraient dépassés. » Or le professeur Luc Montagnier, prix Nobel de Médecine, tient pour certain que le Covid-19 résulte d’une manipulation humaine en laboratoire. Alors le Covid-19, précurseur d’une « intelligence artificielle complète » ? Et les hommes, seuls responsables de leur sort, salut ou damnation ? Pourquoi pas ? A bord du Titanic, il n’y avait ni Dieu ni Satan. S’il s’avère que le Covid-19 a échappé à son créateur et le menace, l’homme inclinerait á voir en Dieu non plus l’absolue nécessité mais une simple commodité libre et facultative.

Roger GBÉGNONVI

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