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Bénin| “Nous avons fait dépigmenter nos enfants dès l’âge d’un an” : des parents d’enfants dépigmentés témoignent

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Elles avaient utilisé des tisanes combinées avec des pommades dépigmentantes, pour l’une et des pommades à base d’hydroquinone, pour l’autre, dans le but d’éclaircir la peau de leurs enfants jugée trop noire. Aujourd’hui, après avoir abandonné la pratique, deux femmes, sous anonymat, témoignent de ce qu’elles ont fait subir à leurs enfants et de la réaction de l’entourage.

En 2015, aînée de sa famille, Fatou avait un an. “Trop noire” pour sa mère. Elle décide donc de blanchir la peau de Fatou, avec peu de moyens qui vont engendrer de gros dégâts.

Image prise sur l’internet

« Je me souviens que c’est ma mère qui m’envoyait des feuilles pour servir de bains à ma fille »

« Les feuilles de certaines plantes dont ma mère avait le secret, m’étaient envoyées depuis le centre du Bénin. Une fois bouillies, elles me servaient de tisane pour le bain de mon enfant », se souvient la mère de Fatou. Contrairement à la pratique qui veut que la tisane serve à soigner l’enfant ou à tonifier son corps, celle-ci a une vertu particulière : faire disparaitre la peau noire de la petite fille pour la rendre claire.

Gênée de voir sa fille pas coquette selon elle à cause de son teint noir, elle développe constamment un complexe d’infériorité, lorsqu’elle se retrouve avec d’autres femmes qui ont des enfants clairs naturellement.

Un jour, elle tombe sur une vendeuse ambulante de pommades corporelles. Après consultation auprès de la “spécialiste” en produits dépigmentants, la mère de Fatou achète une pommade pour sa fille qu’elle renouvelle chaque fois. « La tisane que mémé me donnait avait certes un effet sur le teint de ma fille mais pas au rythme que je voulais. Donc il me fallait prendre des produits de Blancs pour renforcer la dose », raconte-t-elle.

Étalage de produits cosmétiques et dépigmentants

Pourtant, la mère de Fatou est de teint noir et n’a jamais voulu se dépigmenter la peau. Elle utilisait juste du beurre de karité comme pommade corporelle. « Moi, je suis déjà passée. Mais je voulais que la peau claire mette en exergue la beauté de ma fille puisque c’est ce que les hommes préfèrent », justifie la dame, même si elle regrette l’acte aujourd’hui.

“C’est mon entourage qui a sauvé ma fille”

Comme souvent, les personnes dépigmentantées ne passent pas inaperçues. Au fil du temps, Fatou a commencé à avoir des brûlures, vergetures et autres irruptions cutanées. « Mes tantes et les oncles de mon mari me chargeaient de questions. “ Qu’est-ce que tu as fait et notre fille est devenue comme ça ?” me demandaient-ils », explique la jeune dans de 25 ans aujourd’hui et résidant dans la commune d’Abomey-Calavi. Avant de faire dépigmenter sa fille, elle ignorait totalement les inconvénients de cette pratique sur la peau. « C’est mon entourage qui a sauvé ma fille, reconnaît-elle. Alors j’ai décidé d’arrêter depuis bientôt deux ans. »

À suivre

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