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Chronique Roger Gbégnonvi| Démocratie et parrainage politique

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Le monarque de droit divin et l’autocrate-dictateur ignorent le parrainage politique, ils décident de tout par eux-mêmes, ils croient savoir par eux-mêmes et par eux seuls ce qui est bon et ce qui est mauvais, quel sujet ou quel citoyen est compétent pour les servir ou pas. Il en va autrement dans le régime démocratique, qu’on n’imagine pas se targuer de cette assurance qui frise l’arrogance et le mépris du peuple. En plus des nombreux textes et institutions garde-fou dont elle s’entoure, la démocratie a besoin de conseillers et de guides, serviteurs triés sur le volet pour lui éviter d’échouer entre les mains des fous.
Ce ne sont pas des fous à lier, gens qui auraient leur place dans quelque asile d’aliénés. Ce sont gens sympathiques, éduqués, convenables, aimables. Tel veut entrer en politique pour avoir une visibilité nationale, la régionale ne lui suffisant plus, il va élargir le domaine de sa carte de visite. Il ne se voit pas vaniteux pour autant. Tel autre veut entrer en politique pour se mettre à l’abri de la justice, il se reproche des choses graves qui pourraient le rattraper s’il ne se ménage pas une solide immunité. Il ne se voit pas méprisable pour autant. Un troisième veut entrer en politique à la fin de sa vie active pour passer sa retraite à ne pas trop s’ennuyer. Il ne se voit pas prétentieux et vain pour autant. Etc.
Passe encore, pourrait-on s’autoriser à penser, s’il ne s’agissait que de fonctions que l’on pourrait dire secondaires, souvent partagées avec d’autres élus. Mais si par hasard, l’un des ci-dessus portraiturés se retrouvait propulsé au sommet de l’Etat, à la tête de l’Exécutif, avec toutes les manettes entre les mains, avec toutes les charges et tout le prestige de la fonction, ce serait assurément un grand malheur pour la démocratie, pour la cité et pour les citoyens. On ne prendra donc jamais trop de précautions pour éviter ce cas de figure.
Aucun parrainage n’est banal, parce que toujours lourd de sens et de responsabilité pour le parrain. Sans sourciller, nous l’acceptons quand nous allons frapper à la porte de l’Eglise catholique pour être admis en son sein : le baptême chrétien est un sacrement, et le prêtre ne saurait l’accorder à X ou à Y sans avoir la garantie que le sacrement sera respecté et honoré. Sans sourciller, nous l’acceptons quand nous allons frapper à la porte de telle école philosophique pour être admis en son sein. Il s’y déroule enseignements et initiations dont l’aspirant apprenti doit se montrer déjà digne en amont : les Frères anciens cooptent les Frères nouveaux, ils les parrainent. Quid alors du parrainage politique en démocratie ?
En son âme et conscience, le Béninois sait que la fonction suprême de la République mérite autant et plus de précautions à prendre que l’entrée dans l’Eglise ou dans la Loge. Mais il est gêné par ‘‘politique’’, l’énoncé ‘‘parrainage politique’’ lui fait voir rouge. Car ici et ailleurs, la politique est le terrain des jeux et enjeux les plus retors. Et le Béninois, qui s’y connaît en politique, se met à croire à l’invraisemblable ‘‘ils ne vont accepter de parrainer que ceux de leur camp’’. Ce n’est pas vrai, parce que nous sommes en démocratie et que c’est pour respecter au maximum l’enjeu démocratique qu’il existe le parrainage politique. Et donc, les élus du camp A parraineront les candidats des camps X, Y, Z, pour peu que ceux-ci aient rempli les conditions, toutes les conditions légales pour se porter candidats. Ayons confiance en eux. Ayons confiance en nous. De toute façon c’est au peuple qu’il reviendra de choisir les meilleurs ou le meilleur pour le gouverner. Faisons confiance au peuple.
Nous avons 60 ans. Quand nous regardons dans la glace, quelle image citoyenne de nous renvoie-t-elle ? Le temps n’est-il pas venu de bonifier cette image, le temps d’entamer l’apprentissage de la foi en nous-mêmes, de la confiance en nous-mêmes ? Confiance et foi sont difficiles. Mais c’est avec elles et grâce à elles que nous irons où nous voulons aller.

Roger GBÉGNONVI

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