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Bénin – Concours «Les stars du BAC 2020» : “Les amours….et son amour pour le BAC”

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« L’année était perdue. Elle était désormais livrée à elle-même. Elle dût travailler comme serveuse dans un bar-resto. C’est là qu’elle rencontre Ghislain, le fameux Ghislain qui l’aide enfin à remonter sur le ring. Ghislain était devenu l’apporteur de la bonne nouvelle. « Il m’avait apporté une bouffée d’air dans ma noyade et je suis finalement tombée amoureuse », Extrait du cinquième texte du Concours “Les stars du Bac 2020”, initié par le journaliste Colince Yann. A découvrir ici.

“Elle s’appelle Juliette. Et son Roméo c’est le Bac 2020

N’insultez jamais une femme qui tombe ! Qui sait sous quel fardeau la pauvre âme succombe ! Aurais-je besoin d’exagérer pour parler d’elle ? Non. L’œil qui reconnait la souffrance la lit dans son regard.

Vivre avec des parents qui n’ont pas assez de moyens n’est plus une raison pour ne pas réussir. Elle le savait. Je l’admets, elle n’a pas eu une vie de rêve mais elle a toujours su gérer.

Juliette ! Elle a vu le jour à Savalou, d’après ses mots. Son père est un soudeur et sa mère n’a pas vraiment un boulot à proprement parler. C’est une petite famille de quatre enfants dont elle est la seule fille.

Les premières années ont été géniales. Elle faisait pratiquement partie des dix premiers de sa classe. Jusqu’en Quatrième (4e), tout allait pour le mieux.

Puis, elle a rejoint son paternel à Parakou, pour la Troisième (3e). C’est là que je l’ai connue, au CEG Hubert Maga. Elle ne brillait pas tellement en salle. Elle se débrouillait dans les matières pour garder la tête hors de l’eau. A cause de sa beauté, elle se fit remarquer (…)

Un matin, le professeur principal de la classe annonce le décès subit de la mère de Juliette, d’où son absence. Son monde s’écroula ce jour-là. A la sortie des cours, toute la classe se rendit chez Juliette que nous trouvâmes en larmes, anéantie par le chagrin et l’amertume. << La vie n’est qu’une longue perte de tout ce qu’on aime>>, disait Victor Hugo. Vous me diriez : « La perte d’un parent ou d’un être cher est monnaie courante ; ce n’est pas un obstacle à notre évolution en milieu scolaire ! ». Eh bien ! ça l’est si c’est ce parent qui constituait le rempart entre vous et la déscolarisation.

Vous l’aurez compris ; son père ne tenait pas tant que ça qu’elle aille à l’école. Sa mère était celle qui usait de son influence sur le père pour qu’il finance les cours de leur fille. Le père est de la génération de ceux qui pensent que la femme n’a pas sa place dans les écoles, seuls les hommes ont droit à l’éducation scolaire. Elle n’avait que sa mère qui se battait pour elle, maintenant elle n’est plus là. La preuve, quelques jours après l’inhumation de la mère, le père décréta n’être plus capable de supporter la scolarité de Juliette et les dépenses qui vont avec. Réunions après réunions, la décision du paternel demeura la même. « C’est à ce moment-là, j’ai compris que je devrais faire quelque chose ou dans un an, je serai la femme au foyer de quelqu’un » me conta-t-elle.

La femme a une puissance singulière qui se compose de la réalité de la force et de l’apparence de la faiblesse. Juliette n’a pas l’air d’une dure à cuir vu du dehors mais au fond, elle est une vraie battante.
(…)
Le grand oncle de la famille fut le seul à aider Juliette ; il a beaucoup aidé Juliette. Il lui a aussi apporté l’aide qu’il fallait pour qu’elle quitte Savalou (après les funérailles de sa mère) pour retourner à Parakou.

L’année était perdue. Elle était désormais livrée à elle-même. Elle dût travailler comme serveuse dans un bar-resto. C’est là qu’elle rencontre Ghislain, le fameux Ghislain qui l’aide enfin à remonter sur le ring. Ghislain était devenu l’apporteur de la bonne nouvelle. « Il m’avait apporté une bouffée d’air dans ma noyade et je suis finalement tombée amoureuse » m’a-t-elle affirmé. Ghislain l’aidait comme il pouvait et l’année qui suivit, elle reprit les cours.

En journée, elle est élève mais à la nuit tombée, elle est métamorphosée en serveuse. Elle n’eut pas le Brevet cette année-là. Ghislain écarte alors le plan de serveuse. Il refuse catégoriquement qu’elle soit élève et serveuse à la fois. Il s’engagea alors à prendre en charge ses petits besoin et son loyer à condition qu’elle démarre un petit commerce qu’elle pourra gérer sans pour autant négliger les cours. C’était le plan parfait. Elle obtint le Brevet et tout changea.

La seconde (2nd), la première (1ère) et elle arrive en terminale (Tle). Contre toute attente, Juliette était douée pour la science. Elle brillait dans les matières scientifiques. L’année scolaire 2019 – 2020 avait à peine démarrée quand l’inattendu arriva. Ghislain se mit à la tromper et romput avec elle. « Il m’a dit que je n’ai pas le droit de le lui reprocher et m’a abandonnée à mon sort… » dit-elle, des sillons de larmes sur la joue. Ce qui n’empêche pas à la jeune dame d’être reconnaissante pour tout ce qu’il a fait pour elle. La vie a continué…

Et comme si tout cela n’était pas suffisant, les infos annoncent un matin la visite d’un virus mortel qui sévit dangereusement : le coronavirus/COVID-19. « Pourquoi maintenant ? C’est maintenant ou jamais pour mon Bac ».

Son petit ami qui l’abandonne, les cours qui ont été suspendu, étudier est devenu difficile. Un job après l’autre, elle parvient à payer le reste des frais de sa scolarité. Loin d’avoir peur, elle priait Dieu et attendait le jour de l’examen. Un jour lointain finit toujours par arriver. Les jours de la composition vinrent. Malgré la distance entre son domicile et son centre de composition, elle marchait jusqu’à la fin : payer un transport faisait défaut. Des semaines sont passées jusqu’au jour de la proclamation des résultats. Je devine à peine l’immensité de son allégresse quand elle découvre son admissibilité sur le site de l’Etat. « J’ai eu le souffle coupé pendant une minute » révéla-t-elle.

J’ai compris par l’histoire de Juliette qu’avec de la volonté et de la persévérance, tout est possible.

Rebazar LIDEHOU

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