Entre 1914 et 1918, puis entre 1939 et 1945, on imagine, sans y avoir été, que la guerre était le sujet de conversation de tous, tous les jours et en tout lieu, comme c’est le cas aujourd’hui à propos des milliers de morts que l’humanité aura enterrés depuis février-mars 2020. Sans nullement dédouaner les deux guerres mondiales, on dira qu’elles n’ont pas poussé la cruauté jusqu’à imposer l’arrêt soudain de tout partout, et poussé des millions d’hommes, dans les deux hémisphères, à rester cloîtrés sous peine d’amende parce que l’ennemi invisible peut prendre possession de chacun et transformer chacun en une bombe tueuse et silencieuse. Comme toute guerre, les deux ci-dessus se sont conclues par la paix. Or la tragédie planétaire que nous subissons ne se conclura point par la paix puisqu’il n’y a pas guerre au sens accepté du terme. Mais les tourments actuels nous tendent, logiquement et non paradoxalement, une perche unitaire que, hélas, nous refusons d’ores et déjà de saisir, engoncés dans nos paradigmes anciens, sommaires, simplistes et tristes à mourir.
Les peuples dont on se disait qu’ils mourraient les premiers et en masse semblent attendre encore leur tour. La science aurait voulu qu’on dépêchât chez eux des ‘‘experts’’ pour étudier s’ils ont développé à leur insu quelque résistance naturelle au « mal qui répand la terreur ». Cette démarche, scientifique, eût peut-être aidé les savants à créer dans leurs officines un début de médicament-barrière. Or, au lieu d’entrer en dialogue avec ses peuples non encore frappés, on les fuit au motif que, de toute façon, ils mourront par ‘‘dizaines de millions’’ car c’est ce qui leur arrive habituellement et qui leur arrivera donc nécessairement.
En fait de médicaments-barrières, des tentatives existent, alignées ici dans leur ordre de présentation. L’APIVIRINE, d’origine subsaharienne, a été créé pour contrer le sida. Mais il se sera révélé possible antidote du covid-19 aussi. Dont acte. Le 20 avril 2020, le président malgache lance officiellement le COVID-ORGANICS, produit par les laboratoires de son pays à base de plantes naturelles parmi lesquelles l’ARTEMESIA, efficace, comme la chloroquine, contre le paludisme. Mais le COVID-ORGANICS est censé contrer le covid-19. Dont acte. Un président peut en cacher un autre. Juste après celui de Madagascar, celui des Etats-Unis reçoit des chercheurs de son pays, le 1er mai 2020, « l’autorisation en urgence pour le REMDESIR ». Il le présente officiellement. Sorti des laboratoires américains pour combattre la fièvre Ebola, le REMDESIR se sera révélé possible antidote du Covid-19 aussi. Dont acte.
Ces trois propositions de médicaments auraient dû faire ensemble l’objet d’une étude comparée et d’une belle synergie contre un mal aussi inconnu que dévastateur. Au lieu de ce bel élan, des scientifiques nombreux crièrent au scandale, et qu’il fallait d’abord aller au fond des choses, et qu’il fallait d’abord faire tous les essais cliniques. Pendant que les uns meurent déjà par milliers et que les autres vont bientôt mourir par millions ? L’on aura observé que la troisième proposition aura été moins brocardée par les censeurs. Leur critique contre le REMDESIR sera restée évasive et discrète. Parce que le REMDESIR serait d’origine plus noble que l’APIVIRINE et que le COVID-ORGANICS qui l’ont précédé ?
Si la réponse devait être oui, alors nous nous serons confinés et soumis aux gestes-barrières sans avoir reçu le message d’égalité et de solidarité que nous envoie le malheur qui nous frappe tous sans distinction aucune, message d’entraide mutuelle entre nous comme entre les cinq doigts d’une main qui, pour servir la nécessaire entraide, sont tous de taille différente. Créatures hautement intelligentes et conscientes, ‘’plus nobles que ce qui nous tue et qui n’en sait rien’’, recevons de la tragédie planétaire la leçon de Refondation de nos vieilles vues étriquées et de nos regards fielleux fulminés sur l’autre, notre semblable.