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[Chronique Roger Gbégnonvi] Et si le covid-19 laissait intactes nos mentalités

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Aujourd’hui, les gens s’en vont, disant : « Après le covid-19, plus rien ne sera comme avant. » En fait, ils ne s’en vont pas puisqu’ils sont confinés. Mais ils pensent que de ce confinement ils sortiront assagis, changés, renouvelés. Là-dessus, il semble qu’ils aient tort parce que l’allégorie et l’histoire font mentir leur rêve de remodelage au sortir du covid-19.
L’allégorie, c’est « Noé et toute sa famille et sept paires de tous les animaux purs, le mâle et sa femelle » (Genèse, 7), rescapés du déluge déclenché par Dieu en vue d’une razzia définitive des hommes et des femmes qui empuantissaient la terre. Epuration ratée. Car une fois le déluge passé, les descendants de Noé reprirent les choses en main et reproduisirent l’exacte situation qui prévalait « en ces jours qui précédèrent le déluge [quand] on mangeait et on buvait, on prenait femme et mari » (Math. 24/38). On renoua avec les manières antédiluviennes pour prouver au Créateur que l’humanité était incorrigible, aux prises avec les plaisirs de la chère abondante et carnassière, liqueurs à foison, étoiles sombres dans les yeux hagards. Aux prises avec les sombres délices de la chair dans une approche égoïste et jouissive de l’autre sexe… Ô Dieu, faites-vous donc chair, et vous serez la proie de tout cela !
L’histoire, c’est d’abord celle de la Shoah, carnage spécifique dans le carnage total. Six millions ! ‘‘La solution finale’’ passée, on aurait pu penser « plus jamais ça ! » En vérité, on l’a pensé et dit. Mais ce qu’on ne dit pas, ce qu’on cache aux païens devenus chrétiens adoptés, c’est que, pour justifier sa haine des Juifs, le Führer s’est appuyé aussi sur le quatrième évangile qui exhale un fort relent d’antisémitisme en ce qu’il rejette avec violence le lien entre christianisme et judaïsme alors que les trois évangiles synoptiques mettent leur point d’honneur à revendiquer et souligner ce lien. La thèse de la rupture absolue et le flirt poussé, mais non revendiqué, de l’Occident avec les vues du quatrième évangile, expliquent le grand silence chrétien, y compris vaticanesque, autour du massacre des Juifs de 1939 à 1945. Et le quatrième évangile, bien aimé, continue d’alimenter sournoisement la haine des Juifs. De temps en temps, un faux Aryen en tue un ou une pour mémoire. Et l’on incendie leurs synagogues. Et l’on profane leurs cimetières. Et l’on refuse à l’âme juive le requiescat in pace au sein d’une mentalité rance qui perdure à la gloire du tandem Hitler-Himmler.
L’histoire, c’est aussi celle de l’esclavage des Noirs. Vingt millions ? Cent millions ? Moins que des marchandises, c’étaient des bêtes de somme. Pendant quatre siècles, les Noirs puissants ont vendu les Noirs aux Blancs puissants qui voulaient en acheter. Mais passé les trois ou quatre abolitions de l’esclavage, on aurait pu penser « plus jamais ça ! » Or ‘‘ça’’ continue sournoisement. La gouvernance scabreuse des dirigeants africains envoie des Noirs désespérés mourir en Méditerranée ; les rescapés sont concentrés dans des camps qu’aucun Européen ne voudrait pour son chien. Les Blancs mauritaniens vendent encore les Noirs, les Blancs libyens font pareil (CNN l’a montré), et sur le dos du covid-19 en avril 2020, (African Diaspora Developement Institute l’a révélé), les Chinois saccagent les Noirs, jetés à la rue comme choses bonnes pour la poubelle et appartenant pour toujours à la catégorie « Les damnés de la terre ». Les Américains noirs savent dans leur cœur meurtri cette catégorie au sein d’une mentalité rance qui perdure à la gloire du tandem Las Casas-Gobineau.
Or donc, passé le covid-19, l’allégorie et l’histoire disent les mentalités intactes. Les brahmanes vénèrent les Védas. Le quatrième évangile reste ‘‘différent’’ mais pas hérétique. La Dame du Cantique des Cantiques supplie : « Je suis noire et pourtant belle». Hommes et femmes galèrent sur le flot des songes et mensonges du monde. Le covid-19 passé. Les mentalités inchangées. Leur possible transfiguration demeure une question posée.

Roger GBÉGNONVI

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