Face à la huitième législature de la représentation nationale, Patrice Talon a encore sacrifié à la tradition du discours sur l’état de la Nation. En ce vendredi 27 décembre donc, des Béninois ont tendu yeux et oreilles pour connaître des performances du régime de la Rupture enregistrées pour l’année qui s’en va jeter l’encre. Pour l’essentiel, on retiendra que des performances énormes ont été atteintes du point de vue du locataire de la Marina.
Mais «Vérité en deça des Pyrénnées, erreur au delà»! Car dans le secteur de l’éducation, l’œil de la Marina n’a sûrement pas tout vu ce que d’autres paires d’yeux de Béninois observent depuis le 16 septembre, date de la rentrée scolaire. Si pour le Chef de l’Etat, les actions que sont les cantines scolaires, l’éradication de la faim en milieu scolaire, l’informatique au primaire, le recrutement de 16.000 aspirants, etc. sont des prouesses incontestables, les réalités du terrain semblent être toutes autres. Toutes ces actions cachent en réalité le vice dans lequel sombre chaque jour qui passe, l’école béninoise visiblement en panne. En vérité, ne peut-on parler, de prouesses pour une école où après trois mois de cours, nombre d’apprenants sont encore sans maîtres ou professeurs. On ne saurait également parler de prouesses face à la gestion difficile du redéploiement des aspirants dont la plupart cherchent encore leurs marques dans les classes. Mieux, on ne saurait parler de prouesses face au recul qui a consisté dernièrement, au redéploiement d’enseignants d’anglais, d’histoire-géographie, d’espagnol pour enseigner le français. On ne saurait parler de prouesses, quand des enseignants des Sciences de la Vie et de la Terre (Svt) et Physique, Chimie et Technologie (Pct), sont en instance d’être redéployés pour enseigner les mathématiques.
Au primaire, les effectifs pléthoriques dus à la suppression de nombreux groupes pédagogiques ainsi que le retard prononcé dans le déploiement des aspirants ne favorisent pas la bonne marche des activités pédagogiques.
Il nous plaît de nous en arrêter là. Loin de vouloir nier quelques efforts quantifiables sur le terrain, il nous a paru nécessaire de relever cette tache noire que constitue l’ensemble des ratés sus énumérés. Pour tout dire, l’école ne se porte pas si bien car les quelques prouesses brandies à l’hémicycle ce vendredi sont clairement infimes face aux nombreux problèmes auxquels l’école reste encore confrontée. L’école va très mal même si nous semblons nous accommoder des quelques avancées qui nous font pâlir d’orgueil.
Nous sommes aujourd’hui très loin du Quartier Latin et à défaut d’y revenir, il faudra tout de même veiller à en donner une copie déformée à travers la déferlante de réformes.