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L’ombre de la Russie et de la Chine en Afrique : Macron agacé!

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«Ni la Russie ni la Chine n’envoient leurs soldats se faire tuer pour la sécurité des Africains», ce sont là les propos tenus par Emmanuel Macron lors de la conférence de presse conjointe tenue avec le Président Ouattara. À travers ses propos teintés de colère et d’amertume, le Chef de l’Etat français s’en prend ainsi à ceux qui se font de plus en plus critiques vis-à-vis de la présence des soldats français au Sahel notamment. Qu’à cela ne tienne, les propos sont inappropriés et le contexte, assez mal choisi. Demander que la Russie et la Chine envoient leurs soldats se faire tuer pour la sécurité des Africains alors même qu’on empêche les Etats africains d’acheter des armes à ces derniers est une démagogie dont seul Macron a le secret. Car de toute évidence, ce scénario à priori profitable aux Etats africains est impossible pour trois raisons fondamentales.

Emmanuel Macron, le Président de la République française

D’abord, les Etats africains francophones font partie de ce qui est arbitrairement appelé le pré-carré français. Ainsi, l’Hexagone exerce sur ces pays une telle influence qui empêche toute coopération réelle avec d’autres puissance. Et même quand cela est rendu possible, la France s’assure au préalable que cela ne mettra pas à mal sa coopération bilatérale faite d’accords léonins, avec les pays concernés.

Ensuite, les accords militaires signés avec les pays francophones depuis bientôt 75 ans garantissent à l’ancien colonisateur, le monopole des interventions militaires de gré ou de force sur les terrains africains. Aussi, avons-nous assisté à de nombreuses reprises, à des interventions parfois rocambolesques des soldats français dans certains pays africains pour même déloger des chefs d’Etat au pouvoir ( la Centrafrique, par exemple). Macron admettra sauf malhonnêteté intellectuelle que ni la Russie ni la Chine ne pourrait, du moins pour l’instant, se permettre pareille ingérence dans la gestion des Etats africains.

Enfin, les intérêts français dans les anciennes colonies sont tels que la France se voit obliger d’y intervenir chaque fois qu’elle les sent menacés. Alors, faire croire que les soldats français se font tuer pour la sécurité des Africains est une contre vérité qui a du mal à passer auprès de ceux qui ne veulent plus de cet interventionnisme français à tout va. On ne peut envahir pour une raison ou une autre des Etats supposés indépendants et disposant d’une armée nationale au prétexte de vouloir assurer la sécurité des populations, si l’on ne vise pas des intérêts stratégiques inavoués. Si les Russes et Chinois ne se hasardent pas encore sur ce terrain, c’est justement parce qu’ils ne craignent de perdre des intérêts quelconques du fait des crises qui secouent le Sahel par exemple.

Les présidents Russe et Chinois

Mieux, les nombreux doutes qui pèsent sur les sources de financement et d’armement du terrorisme dans le Sahel ne permettent au Président français de tenir ce discours hasardeux et peu diplomatique. C’est la France elle-même qui s’est empressé au Mali en 2013 au prétexte d’avoir répondu au cri de détresse du Président malien d’alors, Amadou Toumani Touré (ATT). Avoir pris ce risque d’aller toute seule affronter le terrorisme international au Sahel suppose qu’on avait vraiment les moyens de sa politique. Alors, vouloir se plaindre aujourd’hui de la mort de soldats français au front relève de l’ignorance de la notion de dégâts collatéraux en tant que commandant en chef.

Macron doit donc cesser de s’appitoyer sur son sort et assumer les conséquences des engagements parfois hasardeux mais surtout intéressés de la France. S’il est à bout de souffle, qu’il retire simplement les forces françaises afin que d’autres viennent mettre de l’ordre dans ce bazar aux origines mystérieuses. Il pourra ainsi sauver la vie des innocents soldats français et la sécurité des Africains sera sûrement mieux assurée par des forces moins partiales qui ne jouent pas à un double jeu pernicieux comme c’est le cas au Mali, au Burkina Faso et au Niger.

Raoul HOUNTONDJI

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