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Incohérences béninoises

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« Que votre langage soit : ‘‘Oui ? oui’’, ‘‘Non ? non’’ : ce qu’on dit de plus vient du Mauvais » (Matthieu, 7/37). L’auteur aurait pu ajouter ‘‘et conduit au Mauvais’’. Serait-ce vers ce port, qui est un abîme, que se dirigent les Béninois ? Par trois fenêtres choisies, on observera les incohérences qu’ils cultivent avec constance et inconscience ou… malignité.
Fenêtre 1.- Parents disparus :- Dans un contexte rural de simplicité de la vie mais de mortalité infantile élevée, nos ancêtres ont pensé que « la progéniture est une richesse ». Nous le croyons encore. Chez les plus pauvres d’entre nous, cette croyance aboutit à 6 enfants environ pour une femme, à 15 environ pour un homme polygame. Pour les enfants regroupés autour d’elles, les mères font ce qu’elles peuvent sans pouvoir faire des miracles. Organisations religieuses, ONG d’ici et d’ailleurs, viennent en renfort sans pouvoir faire des miracles. Une partie de ladite ‘‘richesse’’ se retrouve donc ‘‘enfants de la rue’’. Dans sa langue maternelle vous demandez au petit mendiant où sont ses parents. Croyant que vous l’accusez de leur disparition, il prend peur et s’enfuit… en route vers le Mauvais. Car demain, sous prétexte d’une vie meilleure, une tête brûlée peut l’enrôler pour une cause décérébrée.
Fenêtre 2.- Vacarme répandu :- Le Décret N° 2001-294 du 8 août 2001 porte Règlementation du bruit en République du Bénin, et stipule en son article 9 : « L’usage de tout appareil de communication (sirène, haut-parleur, avertisseur sonore) gênant pour le voisinage est interdit, sauf si leur emploi est exceptionnel et réservé au signalement d’accident ou d’incident grave. » Bof, on s’en balance ! Dans les maisons on met la musique à fond la caisse. Dans la cité, les buvettes font assaut de décibels. Du haut des minarets et du chœur des églises prophétiques, l’annonce du salut est relayée par des entonnoirs percutants. Et la nuit, Aimé Césaire a toujours raison : « Tenez ! Ecoutez ! Quelque part dans la nuit, le tam-tam bat… Quelque part dans la nuit, mon peuple danse… Et c’est tous les jours comme ça… Tous les soirs… » Ce peuple dans une agitation permanente et qui ignore le silence de la rencontre avec soi-même est un peuple en perdition, en route vers le Mauvais.
Fenêtre 3.- Saleté étendue :- La Loi-cadre sur l’Environnement en République du Bénin, Loi N° 98-030 du 12 février 1999, stipule en son article 67 : « Les déchets doivent faire l’objet d’un traitement adéquat, afin d’éliminer ou de réduire à un niveau requis leurs effets nocifs sur la santé de l’homme, les ressources naturelles, ou la qualité de l’environnement en général. » Bof, on s’en balance ! Et l’on entasse les ordures ménagères à ciel ouvert au bord des rues, et on les déverse dans les flaques d’eau en saison des pluies. Les cochons en divagation s’arrêtent et s’y vautrent, heureux. Les mouches s’y posent, joyeuses, et ramènent dans les maisons les maladies dont on accusera la sorcellerie que l’on voit partout désormais. Et il est vrai qu’un peuple adepte de la saleté physique est en route vers la saleté mentale de la sorcellerie, en route vers le Mauvais le plus ignoble et le lus assassin.
Par les trois fenêtres ci-dessus ouvertes, on voit les Béninois satisfaits, à l’aise dans la logique de leurs incohérences. Ils posent l’enfant comme un trésor pour abandonner le trésor à la rue. Ils affirment les vertus du silence et de la propreté pour promouvoir vacarme et saleté. Dieu, qui se respecte et respecte l’homme, ne fait pas de miracle. Dieu ne s’oppose pas à la logique. Dieu ne sauvera donc pas les Béninois de la logique de leurs incohérences et de leurs contradictions entretenues. Il revient aux Béninois, et à eux seuls, de s’entrouvrir les portes du bien-être terrestre par le respect de leurs textes, le respect de leur parole donnée, le respect de leur personne. Que oui et non ne s’équivalent pas sur leurs lèvres. Alors le Dieu de leur Foi et de leur Espérance leur sourira. Dieu de leur Force aussi. Par Elle, ils grandiront.

Par Roger Gbégnonvi

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