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La tontine ou la banque des pauvres fait recette au Bénin

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Pour assurer les services bancaires et surtout favoriser l’épargne chez les populations, les banques et d’autres institutions financières s’installent sur l’ensemble du territoire national. Pourtant, les Béninois surtout ceux à petit revenu semblent toujours s’accommoder des structures d’épargne traditionnelles auxquelles ils préfèrent toujours confier leurs économies. Est-ce par préférence ou par défaut ? Analyse !

Structure de tontine 

Elles sont aujourd’hui nombreuses, les institutions bancaires qui offrent aux Béninois leurs services. Mais en dehors des banques au sens propre et strict du terme, on a également d’autres institutions financières qui offrent plus ou moins les mêmes services. On pourra citer dans ce registre, “La poste du Bénin” qui offre aux Béninois et étrangers de tous rangs, la possibilité d’avoir un compte épargne. Certaines institutions de micro-finance sont sorties de leur rôle traditionnel pour commencer à faire aussi dans l’épargne. Les banques restent pourtant les structures les plus habilitées à recevoir les sous des épargnants. Cela explique d’ailleurs pourquoi la plupart des banques installées en République du Bénin sont des banques de dépôt et non des banques d’investissement. Seulement, on note encore au Bénin que les populations, du moins celles qui font de l’épargne, collaborent encore avec les structures traditionnelles d’épargne. Dans les milieux ruraux et urbains, on ne se tourne pas toujours vers la banque ou les autres institutions habilitées pour épargner ses économies. Pour le faire, beaucoup de Béninois préfèrent solliciter les services des tontiniers. Si ce ne sont des tontiniers ambulants ou installés dans des baraques auprès des voies, ce sont des groupes constitués dans les villages, quartiers de villes ou villages. Les souscriptions auprès des tontiniers sont parfois formalisées par des cartes d’épargne où ceux-ci cochent des cases correspondant aux jours ou aux semaines que vous payez votre tontine. Bien évidemment, il est toujours convenu d’un terme connu du tontinier et de l’épargnant ; terme auquel l’épargnant entre en possession de ses fonds pour en disposer selon un objectif initial ou pour régler une situation de l’heure. Le tontinier retient toujours dans ce cas de figure, un montant de l’épargne convenu entre l’épargnant et lui. Ce montant équivalent le plus souvent à un pourcentage bien défini de l’épargne peut être assimilé à un fond de tenue de caisse. Les tontines de groupes elles, obéissent à divers besoin. Elle peut être une tontine où les membres épargnants reçoivent à tour de rôle un montant équivalent au produit de la mise individuelle et du nombre total d’épargnant. Ce qui implique que chaque membre cotise pour les autres en attendant que les autres également fassent de même pour lui quand viendra son tour. Mais elle peut également prendre la forme d’une tontine où tous les membres cotisent jusqu’au terme échu avant que chaque épargnant ne puisse entrer en possession de ses fonds. Elle peut aussi prendre la forme d’une tontine où vous n’entrez pas en possession des sous à la fin ou quand votre tour arrive.
Selon les cas de figure, elle peut viser à acquérir pour le compte de chaque épargnant, une moto, une parcelle, une voiture, des ustensiles de cuisine ou des pagnes quand elle réunit des femmes, tout comme elle peut servir à vous accompagner pour l’enterrement d’un parent ou des beaux-parents. Il y en même qui commence en début d’année et qui consiste à épargner jusqu’à la fin de l’année pour assurer aux membres épargnants tout ce qui est utile ou nécessaire pour les fêtes de fin d’année. Ce qu’il importe de souligner est que les épargnants de ces tontines se retrouvent dans toutes les catégories socioprofessionnelles. Même des fonctionnaires d’Etat ou des intellectuels s’y retrouvent et y jouent d’ailleurs de grands rôles, s’ils n’en sont pas les initiateurs. Ces nombreux exemples d’épargne traditionnelle montrent que l’épargne bancaire n’est pas encore une pratique totalement ancrée chez nous. En connaître les raisons pourrait peut-être permettre de comprendre les raisons de cet amour qui dure.

Carte de tontine

Les mobiles de cet amour qui dure

Dans un monde où la publicité émanant des banques et autres institutions financières inonde les chaines de radio et de télévision, un tel intérêt pour ces modes d’épargne ne s’explique pas. Pourtant, cela reste un fait. Pour ce qui est des raisons, elles sont multiples et varient d’un épargnant à un autre. Certains parmi eux, trouvent les institutions bancaires et assimilées assez protocolaires avec les piles de papiers qu’elles exigent d’eux avant de pouvoir leur ouvrir un compte. Ils n’ont pas toujours ces nombreux papiers et ne sont pas prêts de se plier aux protocoles qu’ils trouvent épuisants pas faciles pour les illettrés qu’ils sont. Ils préfèrent donc se tourner vers les tontiniers qui ne veulent connaitre que leur nom ou même un simple surnom pour les servir. A cela, il faut ajouter la très grande proximité entre épargnants et tontiniers. La distance à parcourir pour atteindre le tontinier est parfois si négligeable qu’on n’éprouve aucune peine pour aller payer sa tontine. Alors que les banques ne se retrouvent que dans les centres urbains, donc difficilement accessible. Et même dans les villes, les banques n’ont pas toujours des agences aussi proches des clients que les tontiniers des épargnants. Mieux, certains tontiniers ont trouvé une formule encore meilleure. Ce sont eux-mêmes ou des personnes à leurs services qui vont vers les épargnants, collecter leur tontine journalière, hebdomadaire ou autres. Ce Management de la Relation Client est un atout pour ces tontiniers qui ne cessent d’enregistrer les souscriptions de femmes de ménage, petites commerçantes, artisans, enseignants, fonctionnaires… Les banques n’en sont pas encore là et il est à espérer qu’elles s’approprient un jour cette manière bien béninoise de collecter les épargnes. En outre, l’une des raisons qui rend la collaboration épargnant-institutions bancaires parfois compliquée est une pratique bancaire qui a fini de lasser même ceux qui continuent encore à aller vers les banques. Certains épargnants trouvent que les banques ne sont pas assez orthodoxes dans leur façon de prélever les frais de tenue de compte et autres dont ils ne comprennent pas toujours le bien-fondé malgré les explications de banquiers assis bien droits dans leurs bottes. Et puis du point de vue de beaucoup d’autres épargnants, les structures d’épargne traditionnelles offrent plus de flexibilité que les banques qu’ils trouvent trop futées dans de petits calculs qui vont toujours à leur désavantage. Cet amour pour les ces structures durera donc pour longtemps encore quand on s’en tient à ces raisons qui rapprochent le mieux les épargnants des tontiniers que des banques et institutions de micro-finance. Cette tendance des épargnants à plus s’adresser aux structures d’épargne traditionnelles corroborent la thèse selon laquelle les vieilles habitudes ont toujours la vie dure. Mais cette pratique est-elle sans risque pour les épargnants ?

Cautisation des adhérents

Des risques liés à l’épargne traditionnelle

Malgré l’enthousiasme suscité par ces modes d’épargne, ils exposent les épargnants à de nombreux risques. Par le passé, des tontiniers ont emporté des fonds appartenant à des milliers d’épargnants et estimés à des millions de franc CFA. Cela signifie que des phénomènes du genre ICC Services (structure de tontine et de placement d’argent née dans les années 2007 qui a grugé les populations à hauteur de milliards) même à moindre échelle sont à redouter dans ces systèmes d’épargne informels où la bonne moralité des tontiniers n’est pas toujours vérifiable. Par ailleurs, dans les systèmes de tontine de groupe, il arrive parfois que certains épargnants ne parviennent pas à entrer en possession de leur épargne, une fois leur tour arrivé, du fait de la défaillance de certains maillons de la chaine. Si ce n’est cela, il arrive que les responsables du groupe disposent des fonds comme bon leur semble, plongeant du coup, les autres épargnants dans le regret, la mélancolie, la souffrance voire la dépression. Les risques ne sont pas alors ce qui manque. Les épargnants en sont bien conscients. Mais cela ne les dissuade pas pour autant. Dans un environnement où la foi reste un élément important, on confie tout à Dieu puis on ose croire qu’il guidera les tontiniers ou les responsables de groupes à avoir pitié des épargnants. Les miracles sont toujours possibles et on y croit dur comme fer.

Venance Tonongbé


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1 Commentaire

Jamesjob août 2, 2020 at 4:06

Hello. And Bye.

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