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Religion : Frères et sœurs béninois gagnés à Dieu

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Depuis leur adhésion récente au Dieu sauveur, des milliers de Béninois attendent un chaos semblable au tsunami mentionné par la Genèse : ‘‘La fin de toute chair est arrivée, je l’ai décidé, car la terre est pleine de violence à cause des hommes et je vais les faire disparaître de la terre’’ (7/13). Le Déluge. Dieu en retira Noé, souche d’une humanité nouvelle. Des Béninois, nouveaux croyants, attentent ‘‘trois jours de malheur’’ promis, qui enlèveront de la terre les choses et les gens mauvais pour qu’advienne le règne de Dieu. Il en est toujours ainsi. Les sauveurs, qui planifient le salut de l’homme dans l’au-delà, planifient aussi, de façon imminente, la fin ou une certaine fin du monde. Les Livres Saints l’attestent.
A la Genèse, à l’autre bout de la vulgate, répond l’Apocalypse : ‘‘Je vis la Cité sainte, Jérusalem nouvelle, qui descendait du ciel, de chez Dieu’’ (21/2). L’auteur a ouvert sur ‘‘ce qui doit arriver bientôt’’, et refermé sur : ‘‘Le garant de ces révélations l’affirme : ‘Oui, mon retour est proche !’‘’ Ce retour était donc prévu pour avoir lieu autour de l’an 70 de notre ère. Entre la Genès et l’Apocalypse, se sont glissés des écrits tout aussi clairement décidés à en finir avec le monde ici et maintenant. D’entrée, la Lettre aux Hébreux fait parler Dieu ‘‘en ces jours qui sont les derniers’’. Quand donc elle précise ‘‘nous n’avons pas ici-bas de cité permanente, mais nous recherchons celle de l’avenir’’ (13/14), elle parle d’un avenir presque présent. Les lettres de Paul cultivent la thématique de l’éphémère à rejeter au bénéfice du définitif à espérer, quitte à exhorter à une certaine ataraxie : ‘‘Je vous le dis, frères : le temps se fait court. Que désormais ceux qui…usent de ce monde [se comportent] comme s’ils n’en usaient pas vraiment. Car elle passe, la figure de ce monde’’ (1Cor, 7/29-31). Après avoir décrit le chaos annonceur de la fin des temps pour que s’établisse le règne de Dieu, l’évangéliste Matthieu fait dire à Jésus : ‘‘En vérité je vous le dis, cette génération ne passera pas que tout cela ne soit arrivé’’ (24/35). On doit au même évangéliste (27/51-53), dès que Jésus crucifié ‘‘rendit l’esprit’’, une série de fantasmagories tout à fait dignes d’une fin du monde.
A l’exception du Livre de la Genèse, tous ces textes datent du premier siècle de notre ère. Comme les chaos purificateurs ne se sont pas produits et que les Livres Saints ne sauraient mentir, le renouveau promis par Dieu est renvoyé dans un futur mythique et dogmatique. Verra qui verra. Il en sera exactement ainsi des prochains ‘‘trois jours de malheur’’ promis à nos compatriotes pour la grande purification. Sauf effondrement de leur croyance, ces ‘‘trois jours de malheur’’ entreront dans leur vulgate nouvelle, dans leur catéchisme nouveau. Après quoi ils verront dans nos inondations, sécheresses et accidents graves de la circulation, les indices notoires des cataclysmes ‘‘depuis longtemps annoncés’’.
L’on conçoit que l’homme parie sur un au-delà éternel et qu’il prie pour l’obtenir féérique. Mais les malheurs décidés par Dieu pour l’y préparer devraient inciter l’homme à travailler pour enchanter ce bas-monde, l’en-deçà certain d’un au-delà incertain. Travailler à secourir les victimes de nos malheurs cycliques et imparables. Parer aux accidents mortels sur nos routes. Cela se fait sous d’autres cieux sans que les croyants n’aient le sentiment de déplaire à Dieu. Même le règne animal donne à nos compatriotes séduits par Dieu l’exemple d’une belle endurance pour enchanter l’ici-bas. Araignées et termites sont de merveilleux architectes dont les chercheurs travaillent à imiter l’art. En tout temps et sous tous les cieux, ces bêtes travaillent sans faire état d’aucun sentiment ou ressentiment à l’égard de Dieu. Doués d’une conscience et d’une intelligence supérieures, épaulés par Dieu, Conscience et Intelligence Infinies, nos frères et sœurs béninois gagnés à Dieu doivent oublier les ‘‘trois jours de malheur’’ et faire pour la terre plus et mieux que les araignées et les termites.

Roger Gbégnonvi


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