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Pour que soit prospère le Bénin demain

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Nos évêques aussi se sont émus de la pauvreté et de la misère dont se plaint tout notre pays. C’était à leur assemblée du 22 au 23 octobre 2017 : ‘‘Beaucoup de Béninoises et de Béninois vivent dans l’angoisse permanente de ne plus être en mesure d’assurer les besoins essentiels de leurs familles. Une situation qui n’est pas de nature à favoriser la cohésion sociale, gage de tout développement.’’ Cet extrait résume assez bien leur propos.
L’évidence de la misère constatée après 57 ans d’une indépendance octroyée, il reste à remonter un peu loin dans le temps pour essayer de savoir pourquoi nous en sommes là aujourd’hui et si nous pouvons détecter ce qu’il faut corriger pour que soit prospère le Bénin demain. Un peu loin dans le temps, c’est, par exemple, en 1940, quand il n’y avait pas un million de Dahoméens, qu’il y avait assez à manger pour tous, que les parents, même pas riches, pouvaient envoyer leurs enfants à l’école, que tout allait bien sur des rails d’insouciance inconsciente. Le colonisateur tenait le gouvernail, et l’on n’avait qu’à se laisser mener. Devenus soi-même ‘‘meneurs’’ en 1960, on continua du même train, sans prêter attention aux problèmes qui commençaient á se poser, et dont l’accumulation conduira au énième coup d’Etat du 26 octobre 1972, dont la proclamation se termina en fanfare : Révolution ! En son nom, on rendit l’insouciance consciente en tout nationalisant pour donner un emploi à tout Béninois détenteur d’un diplôme. Ledit emploi se résumait parfois à une chaise allouée au dénommé agent permanent de l’Etat. Il venait s’y tourner les pouces et attendre son salaire mensuel dans la ‘‘société où il fera bon vivre pour tous et pour chacun’’. Nous célébrions encore ce Jardin d’Eden du futur lorsque la Révolution se retrouva en zone de faillite aigüe. En 1989, elle fit appel au FMI pour sauver les meubles. Accompagné de la Banque mondiale, le FMI imposa le premier Programme d’Ajustement Structurel (PAS). Privatisation du secteur économique encore viable, dégraissage drastique de la fonction publique, etc., etc. Pour ne pas mourir de faim, des fonctionnaires jetés à la rue utilisaient leurs motos comme taxis (bricolage imaginé par des vies en péril), pendant que des mamans, pour continuer à nourrir enfants et papa jeté à la rue, se faisaient, ponctuellement et discrètement, péripatéticiennes. Par leur courage, ces mamans sauvaient leurs familles.
Survol rapide de notre longue insouciance (in)consciente. Parti – arbitrairement – de 1940 pour s’arrêter avec le coup de sifflet du FMI en 1989, ce survol indique une double correction à opérer pour que soit prospère le Bénin demain. 1-. Le passage de moins d’un million d’habitants à 11 millions environ a fait reculer les terres arables. Malgré cela, nos paysans sont restés en général analphabètes et rivés à la houe de Mathusalem. Il n’y a plus assez à manger pour tous. Nous devons donc maîtriser la natalité. Si nous sommes sûrs de pouvoir élever trois enfants – ce qui s’appelle élever –, nous n’en appellerons que deux au monde pour être très sûrs de pouvoir garantir, sur le long terme, leur bien-être en même temps que celui du couple. C’est une question de responsabilité personnelle. 2-. D’ajouter l’enseignement de l’anglais à celui du français ne nous éclaire pas plus. La lumière pour tous et pour chacun, c’est l’écriture mise à la portée de tous les Béninois dans toutes nos langues maternelles, quitte à ce que le Béninois Untel se serve de l’écriture acquise dans sa langue maternelle pour s’approprier l’univers chinois ou swahili, s’il juge que c’est l’un ou l’autre qui assurera ici et maintenant son bien-être individuel. Responsabilité personnelle encore.
Tant et si bien qu’il revient à l’Etat un devoir fondateur, celui d’ancrer dans le mental des citoyens l’impératif de la responsabilité personnelle. C’est grâce à cet impératif assumé qu’il fera bon vivre pour tous et pour chacun pour que soit prospère le Bénin demain.

Roger Gbégnonvi


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