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Uemoa: Engager la longue guerre de l’abandon du franc CFA

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Le franc CFA, franc des colonies françaises d’Afrique, est un paramètre fondamental de la force et de la prospérité de la France. Plus d’un demi-siècle après les indépendances octroyées, qu’on n’aura pas laissé les pays concernés conquérir afin d’éviter les précédents vietnamien et algérien, la dépendance monétaire, cimentée par le franc CFA, est vivace. Les Etats africains, tenus par l’étrange devise, ont une armée, attribut essentiel d’un Etat, mais ne peuvent frapper monnaie, autre attribut essentiel d’un Etat. C’est le trésor français qui contrôle leur monnaie, et donc leur économie, et ils ne sauraient établir leurs budgets sans s’en référer peu ou prou à la France, alors même qu’ils sont dits indépendants. Cela s’appelle au Bénin : garder fermement, corde au cou, le mouton qu’on prétend avoir offert au vaudou.

Le vaudou attendra, car la France ne laissera pas le mouton échapper au CFA. Il y va de sa force et de sa prospérité. Si elle opte pour l’abandon du CFA, ce qui serait logique, elle s’effondre. Elle a su l’expliquer aux pays de l’Union Européenne pour les obliger à l’illogisme de l’alignement du CFA sur l’Euro. Le franc français a disparu, mais le franc des colonies françaises d’Afrique reste parce que l’Union Européenne a besoin que la France reste forte et prospère en son sein. Et c’est le Président Nicolas Sarkozy qui le dit de façon lucide et tranchante : ‘‘La France ne peut pas permettre que ses anciennes colonies créent leur propre monnaie pour avoir le contrôle total sur leur Banque centrale. Si cela se produit, ce sera une catastrophe pour le trésor public, qui pourra entraîner la France au rang de 20ème puissance mondiale. Pas question de laisser les colonies françaises d’Afrique avoir leur propre monnaie’’. Il s’ensuit, logiquement, que la France ne peut laisser l’Afrique s’en aller, libre.
On aura noté le glissement de ‘‘ses anciennes colonies’’ vers ‘‘les colonies françaises d’Afrique’’. C’est la vérité. Et un autre discours français sur le franc CFA est mensonger. Nationaliste au point de vouloir le retrait de la France de l’UE et le retour du franc français, Marine Le Pen trouve normal que les pays africains battent monnaie au nom de leur souveraineté. Il se trouve seulement que la souveraineté française, qu’elle prône, passe par la non souveraineté des pays africains soumis au franc CFA. Frappé par la grâce dans ses vieux jours, Jacques Chirac dénonce l’injustice et la source d’exploitation que constitue le franc CFA imposé aux colonies françaises. Mais Jacques Chirac est un gaulliste pur et dur, à qui son maître a enseigné que ‘‘la France n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts’’. François Hollande se dit prêt à toutes les options. Mais il ne choisira pas la ‘‘catastrophe’’ qui ‘‘pourra entraîner la France au rang de 20ème puissance mondiale’’. Le Président Emmanuel Macron dit que les Africains peuvent se retirer du franc CFA s’ils veulent. Mais le franc CFA est par et pour la France, et la France ne détruira pas le socle de sa force et de sa prospérité.
Président du Bénin, Lionel Zinsou, ami du CFA, aurait fait chorus avec le Président Alassane Ouattara, ami du CFA, pour claironner l’excellence de la dépendance monétaire et couvrir les voix qui jugent incompatibles souveraineté africaine et franc des colonies françaises d’Afrique. Le tandem pour la défense et l’illustration du franc CFA ne s’est pas installé. Mais la France ne lâchera pas la corde. Lors de la guerre civile au Congo-Brazzaville, elle a soutenu les deux parties belligérantes pour contrôler, de toute façon, la situation. Au Zaïre, trois jours avant la chute inéluctable de Mobutu, elle apportait encore son soutien au dictateur, etc. Parce que l’Afrique affaiblie et appauvrie fait la France forte et prospère.
Il s’impose donc aux Chefs d’Etat africains concernés de se montrer aussi lucides et tranchants que Sarkozy, mais dans le but opposé au sien, pour engager la longue guerre de l’abandon du franc CFA, afin que leurs peuples puissent grandir en dignité et en bien-être.

Roger Gbégnonvi


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1 Commentaire

MASSEDE Samuel juillet 29, 2017 at 11:12

Jeunesse Africaine, Allumons nos cerveaux. finissons avec le Franc CFA.

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