Enfants, on est pantouflards sans pantoufles, dédaigneux des leçons à appendre pour le plaisir du maître à l’école, féru des matchs épiques, citrouille au pied, dans la poussière des rues de la cité esclavagiste et mariale. Nos mamans, adorables, mais effarées par notre force transgressive, nous lançaient souvent á la cantonade : ‘‘Voyez-moi ce nùdéwúdà !’’ Traduction littérale : quelque chose ayant poussé cheveux. Traduction exacte : monstre. Oui, dépitées par nos transgressions à la chaîne, nos mamans traitaient le fruit de leurs entrailles de monstre. Dans le contexte déréglé par nous créé. Car dans un contexte réglé, avec bel avenir assuré, nùdéwúdà signifie génie. Ce que confirma plus tard un maître, pince-sans-rire, qui mettait à l’abri de la folie des grandeurs ses étudiants, au rang desquels un des ci-devant pantouflards : ‘‘Méfiez-vous des génies, ils ont quelque chose en plus.’’ S’il n’avait été de la patrie de Molière, le professeur de théologie morale aurait dit : ‘‘Ce sont des nùdéwúdà.’’
Ce détour par nùdéwúdà pour aller voir Barack Obama. ‘‘Junkie. Drogué. Voilà ce vers quoi je me dirigeais.’’ En effet ! Affublé d’un nom musulman en pays chrétien, revêtu de la couleur de peau d’anciens esclaves, il était un foutu ‘‘damné de la terre’’, condamné à raser les murs du monde. Or il fit l’école buissonnière. Il squatta Harvard et, surtout, la Maison Blanche pendant huit ans. Primo, contre John Mc Kay, caïd de la guerre du Vietnam. Deuxio, contre Mit Romney, officiant du dieu dollar. Guerre et dollar étant les deux mamelles des Etats-Unis, ils se sont bien aperçus qu’Obama avait tout à fait transgressé et qu’il était un nùdéwúdà patenté. Tentés de renier la quête d’optimisme qu’il a portée, ils lui ont substitué un hyper endollardé doublé d’un samouraï imprévisible. Ils s’en mordent déjà les doigts.
On le sait, qui se ressemble s’assemble. En observant ‘‘le monde entier des choses’’ et des hommes, Obama a vu dans le tas un gars d’un grand cru transgressif. Il téléphona donc à Emmanuel Macron pour lui faire un coucou avant le premier tour des élections présidentielles de France. Puis il se montra à la télé pour lui dire ‘‘fonce mon pote’’ à la veille du second tour. Car, Emmanuel Macron, c’est un sacré nùdéwúdà. A 14/15 ans, en classe de 3ème, il a pour sa prof de théâtre les yeux de Chimène. De 24 ans son aînée et trois fois mère, la dulcinée prend peur et fait envoyer l’enfant amoureux ailleurs pour finir ses études. Et ce quelque chose portant cheveux de prédire à la peureuse : ‘‘Tu m’éloignes. Mais je reviendrai et je t’épouserai.’’ Il revint et l’épousa. Plus tard, il s’éloigna de lui-même du gouvernement dont il était ministre et se mit ‘‘En Marche’’ pour revenir prendre la place du Président afin de présider la France autrement. C’est fait. A 39 ans, sans coup d’Etat et sans parti politique, Macron succède á Hollande, en survolant droite, gauche, leurs suppôts et leurs extrêmes. Car Macron, c’est un nùdéwúdà de haut vol. Pour éviter aux Béninois d’avoir à courir à perdre haleine derrière un enfant prodige, leur constitution a calé entre 40 et 70 l’âge de sagesse présidentielle. Mais gare ! Si l’un d’eux prétend les gouverner à ‘‘40 ans seulement’’, ils vont sourire et envoyer le petit nùdéwúdà s’exercer à ce jeu ailleurs. ‘‘En France, pas ici !’’
Mais, qu’on se le dise, nous n’y échapperons pas. ‘‘Le monde sommeille par manque d’imprudence’’, par manque d’audace. Il s’ennuie de voir les mêmes combats de coqs lui être resservis sans imagination en spectacles prétendus psychédéliques. Il en a assez des placébos utilisés pour créer l’illusion du bien-être. Il veut des transgresseurs, qui le plongent avec audace ‘‘Au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau.’’ Oui, Obamacron à la tête de deux pays dans le nouveau et l’ancien monde, ‘‘C’étaient de très grands vents en quête sur toutes pistes de ce monde’’, c’est le monde en quête d’optimisme. Partout donc où vous le sentez advenir, allez à sa rencontre, faites bon accueil à Obamacron de la famille Nùdéwúdà.
Roger Gbégnonvi