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Guerre autour des programmes télévisés : Quand la passion prend le pas sur la raison

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La cohabitation laisse souvent place à des oppositions de goût. L’un des conflits les plus courants met aux prises les amoureux du football et ceux des telenovelas : deux programmes télévisés qui déchainent les passions, opposent les mentalités et enrichissent les soirées dans les foyers. Les guerres ouvertes sont parfois sans limite.

En couple depuis trois ans environ, Adonis et sa conjointe ne partagent pas les mêmes goûts en ce qui concerne les programmes télévisés. La diffusion simultanée de leurs programmes favoris crée des troubles au sein de leur foyer. Si au début, ce jeune topographe avait toujours opté pour la tolérance, il n’est plus disposé à laisser libre cours aux caprices de sa femme. « Au début, je laissais ma conjointe suivre ses programmes, surtout lorsque le match que je veux suivre n’est pas d’une grande importance. Quand c’est le cas, je la préviens pour qu’elle prenne ses dispositions. Mais ma patience s’est peu à peu effritée et la situation est devenue plus difficile à gérer », confie-t-il.
Contrairement à Adonis, Charles impose sa loi pour pouvoir suivre ses programmes de foot. Pour lui, il n’est pas question d’y aller de main morte. « Quand il y a un match de football chez moi, personne n’est autorisé à suivre un autre programme. Après le match, on peut suivre la rediffusion du feuilleton », avance-t-il. Cette situation n’est pas du goût des femmes qui n’aiment pas rater un épisode de leurs telenovelas. Ainsi la loi de la ‘’priorité au direct’’ qu’imposent certains pères de famille est vue de différentes manières par les femmes. Selon dame Agnès, femme au foyer, le choix des programmes à suivre ne peut donner lieu à des discordes au sein du foyer. « Mes deux filles et moi suivons les feuilletons, excepté à l’heure des matches de football. Comme je ne vais pas au boulot, je laisse mon époux suivre son match puis moi je regarde mes programmes en nouvelle diffusion ». Dans les milieux où les passions prennent le pas sur la raison, les disputes deviennent inévitables. « Je devrais suivre une demi-finale de l’Euro 2016. Ma conjointe voulait coûte que coûte suivre un feuilleton. Cette situation nous a plongés dans une longue crise car personne n’était prêt à céder. La dispute a été telle qu’aucun de nous n’a pu réellement regarder la télévision », se rappelle Hervé.

Un homme averti en vaut plusieurs…
Pour avoir vécu des soirées très salées, certains chefs de famille ont fini par trouver des issues de secours pour contourner l’impasse. C’est le cas de Brice, un féru du cuir rond. Pour couper court aux mésententes répétées, il a dû mettre la main à la poche. « Au début, ce problème se posait régulièrement. Mais depuis un moment, j’ai acheté un autre poste téléviseur dans la chambre à coucher. Lorsque nous avons du mal à trouver un terrain d’entente, l’un de nous rejoint la chambre pour voir son programme ». Et pour les foyers qui n’ont pas la possibilité de prendre un autre poste téléviseur, le danger est toujours là et guette. Néanmoins, les idées, elles aussi ne manquent pas. « Ce sont des situations difficiles à vivre. Et pour éviter des disputes répétées, je suis parfois obligé d’aller regarder les matches chez des amis ou dans les vidéoclubs. Parfois, c’est au tour de ma femme de faire le sacrifice et d’aller suivre son feuilleton chez les voisins » explique Théodore. Situation plutôt moins agaçante car, au-delà de la passion à nourrir, les parents ont également la lourde responsabilité de ne pas être de mauvais exemples pour leurs enfants.
Comme l’explique Jacques Aguiadaho, docteur en sociologie, la cohésion familiale doit être entretenue. Chaque famille doit pouvoir se réunir pour échanger. Le danger pour les couples selon lui, c’est de s’exposer à la fissure des liens. « Les rencontres journalières en couple ou en famille constituent des éléments indispensables pour la stabilité et la communion. Dans un foyer, la communication doit être systématique et doit être vécue en temps réel. Si chacun doit être devant sa télévision ou son portatif, la minute qui doit être partagée est perdue alors que ce sont des moments thérapeutiques ». Ces rencontres importantes et bénéfiques pour chacun des membres de la famille ne doit pas pour autant se transformer en de simples formalités. Car avant tout, l’attention est un facteur déterminant. Et lorsque la passion entre dans le jeu, il peut avoir des risques. « Lorsqu’un partenaire ne passe pas une soirée agréable parce que son équipe a perdu un match par exemple, ce n’est pas évident que toute son attention soit disponible. Les discussions n’ont donc plus lieu dans des conditions normales, car l’attention est fragilisée », ajoutera le sociologue.
Pour maintenir l’équilibre dans le foyer, il est alors nécessaire que chacun arrive à aller au-delà de ce qui le particularise afin de converger vers les centres d’intérêts des autres. Pour le spécialiste des questions sociologiques, c’est un effort qui se crée bien avant la vie conjugale. « Avant de se retrouver dans un foyer, il y a normalement des étapes : le copinage et les fiançailles. Et c’est à ces étapes qu’on apprend à se connaitre et à découvrir les passions de l’autre. Par conséquent, on arrive déjà à dominer ce qui nous singularise en termes de passion, ou à avoir une communion de passions de sorte qu’une fois ensemble, un homme qui aime le football suit sans gêne les feuilletons avec sa conjointe, et vice versa. Cela permet d’éviter plus tard des conflits d’intérêts et de principe. » Des goûts et des couleurs, il ne faut pas en discuter, dit-on. Mais les crises liées aux passions semblent avoir encore de beaux jours devant elle.
Herman AHOUANDE (Stag)


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