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John Jerry Rawlings vrai héros d’Afrique [Chronique Roger Gbégnonvi]

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Le 12 novembre 2020, John Jerry Rawlings a fait son entrée dans l’Autre Univers au milieu d’un cortège unanime et sincère : « Le baobab est tombé ». Tous ont salué le Chef d’Etat qui, avec abnégation, a sorti le pays de Kwamé N’Nkrumah du désordre économique et moral où l’avaient jeté des politiques de mépris du peuple, de pillage du peuple, de goinfrerie et de partage du butin entre copains et coquins. Pendant vingt ans d’idéal et d’exemplarité, Jerry Rawlings ne s’attacha pas au pouvoir car, pour lui, exercer le pouvoir d’Etat, c’était servir au mieux les populations du Ghana. L’idée de s’enrichir au pouvoir ne l’effleura pas, il se contentait de son salaire. Capitaine il resta. Général, maréchal, docteur honoris causa, il n’avait besoin d’aucune boursouflure au service du Ghana et des Ghanéens.
Le pays et le peuple servis avec abnégation : c’est sous cet angle qu’il faut regarder pour juger si un homme d’Etat d’Afrique mérite le titre de héros d’Afrique, quelle que soit l’époque où il a exercé le pouvoir, hier, aujourd’hui, demain. Nous n’appellerons donc jamais héros d’Afrique les hommes d’Etat qui, hier, abusant de leur puissance, se sont faits esclavagistes, ont fait bétail les peuples noirs, et les ont vendus aux puissants esclavagistes blancs. Ceux-ci, obéissant à leurs intérêts, se convertirent un beau matin en colonisateurs et décidèrent d’asservir sur place, chez lui, le bétail noir, sans plus devoir l’emmener enchaîné outre-mer. C’est alors que les puissants esclavagistes noirs voulurent défendre la terre des aïeux. Mais qu’est-ce que la terre ancestrale sans les hommes et les femmes qui l’habitent, et dont les esclavagistes vendeurs ont vendu à l’encan les plus forts, les plus résistants ? La nouvelle posture des vendeurs parut saugrenue aux noirs qui avaient échappé à leurs rafles incessantes, parut insultante à tous les maigrichons que les acheteurs avaient refusé d’acheter. Abandonnés par les invendus, les puissants esclavagistes noirs mordirent la poussière face à leurs puissants partenaires en esclavagisme. Vaincus. Humiliés. Leurs compères blancs les déportèrent, les envoyèrent dépérir et périr en exil, à la grande joie des invendus. Ce qui juge les princes et leurs servants, c’est l’histoire et non sa falsification.
Aujourd’hui, des Africains noirs, soi-disant patriotes, voudraient faire admettre que les Noirs, puissants esclavagistes, qui ont vendu tout le monde et son père, avant de se faire battre par l’esclavagiste blanc colonisateur devenu, sont des héros d’Afrique. Grotesque. Grossière altération de l’histoire d’Afrique et de l’histoire tout court. Car on ne saurait être héros si l’on a renchéri l’air nauséabond de son temps, si l’on n’a eu aucune vision d’avenir, aucune estime pour le peuple qu’on était censé servir et non asservir. Les puissants esclavagistes noirs, mis en déroute par le colonisateur, sont des anti-héros, plus sûrement, ils sont de vrais zéros, au regard des vrais crimes qu’ils ont commis et dont la blessure est restée non cicatrisée. Il est donc monstrueux de les proposer aujourd’hui comme modèles à suivre. Les suivre pour se retrouver « au plus bas de la fosse » où sont cultivées les plus immondes lâchetés ? Oui, il est des Européens résiduels qui portent encore aux nues sans pudeur leurs puissants dirigeants qui ont mis l’Europe et le monde à feu et á sang. Eh bien, non ! Non à la peste morale d’Occident ! Non au choléra moral d’Afrique ! Nous n’irons pas fouiller dans les bas-fonds où pullulent et grouillent les plus bas instincts de l’homme.
Au demeurant, l’Afrique, aujourd’hui, compte de vrais héros. Ils s’appellent Patrice Lumumba et Thomas Sankara, fidèles à l’idéal et exemplaires jusqu’au martyre ; Nelson Mandela, fidèle à l’idéal et exemplaire jusqu’au martyre carcéral de vingt-sept ans de non liberté ; John Jerry Rawlings, fidèle à l’idéal et exemplaire jusqu’à son entrée dans l’Eternité. Ils sont étoiles d’Afrique annonçant l’aube nouvelle. Ils sont nos vrais héros d’Afrique.

Roger GBÉGNONVI

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