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Chronique Roger Gbégnonvi| Affaire DGI: Il faut que Talon talonne

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Panne méchante de votre pénible venue-de-France. Mais la course sur laquelle a calé le sénior moteur est si urgente que vous voilà aussitôt accroché à un conducteur de Taxi-moto comme s’il vous portait sur son dos. Il vous a reconnu. Après s’être enquis des raisons de ce qu’il appelle gentiment votre ‘‘mise à pied’’ et avoir promis de vous conduire à vitesse raisonnable, il démarre sur sa préoccupation de l’heure, charge à vous d’en informer le Boss avec qui il imagine que vous êtes très souvent en tête-à-tête à la Marina.
Car vous voyez, Monsieur, les gens sont mauvais dans notre pays. Je vous parle des types assis là-haut dans les hautes branches et qui bousillent nos impôts. Pendant un an on nous a parlé de 4 milliards, et nos bouches sont restées ouvertes. Or depuis que le déménageur a été stoppé net et ramené et qu’il cause, on est passé à treize milliards, et nos yeux ne se ferment plus. Ils vont nous enterrer, lèvres et paupières non closes, ça c’est moi qui vous le dis, car de telles gens sont capables de ça. Vous savez ce qu’a révélé l’enfant menotté à l’aéroport de Dakar ? Qu’il était au service de ses patrons, qu’il les servait et se servait au passage. Car il n’a pas fait vœu de misère le type, pas bonne sœur pour un sou !
Et puis, moi, Monsieur, je vais vous dire quelque chose. Ma cousine directe a le même âge que moi, quarante. Elle élève six enfants dont les pères sont invisibles. Elle est déjà grand-mère trois fois grâce à deux gendres invisibles. Faites le compte : neuf bouches à nourrir sans compter la sienne. Tous les matins, à 5h, elle est à la boulangerie, achète cash 100 bouchées de pain à 100 f l’unité. Ensuite elle hurle à travers la ville de 6h à midi pour les proposer aux affamés à 125f l’unité, espérant un bénéfice journalier de 2.500f. Or il y a toujours des invendus. Et je ne sais pas comment ma cousine arrive à nourrir, vêtir, soigner dix personnes. Sa vie n’est pas une vie, sa vie est une jonglerie. Et c’est ça aussi que vous devez mettre dans les oreilles du Boss pour qu’il sache quel est son devoir : punir sans pitié. Il faut que Talon talonne, ça c’est moi qui vous le dis. Talonner pour en finir avec la mafia d’enfer de la Direction Générale des Impôts et du Domaine. Quelqu’un a fait déménager pour soi 700 millions, un autre 3 milliards, on parle de maison à Dubaï, on découvre dans un coin 557 kg de drogue au port, et voilà : ils décaissent, fument et vont s’assoir à Paris pour insulter le Bénin. C’est bon ça, Monsieur ? Je vous le demande. Le Boss doit talonner !
Et puis, moi, Monsieur, je vais vous dire encore quelque chose. Vous savez que le procès ICC-Services a été un match très amical, c’est-à-dire une formidable salade. A mon avis, c’est que, á l’époque, le plus haut perché sur la plus haute branche a été habillé par les gens de ce terrible brigandage de nos sous. Je n’en suis pas sûr. Or nul n’est autorisé à dire que, pour avoir été habillé, le chef de famille est nu car, s’il est nu, toute la famille l’est un peu aussi. Donc le procès a fait des zigzags, et tous sont libres aujourd’hui comme poissons dans l’eau. C’est bizarre. Mais dans l’affaire des quatre milliards passés á treize, ce n’est pas pareil, et ce sont nos impôts. Ma cousine aussi paye des impôts, petits, mais des impôts. Donc il ne faut pas nous refaire le coup du procès ICC-Services. Punir. Talonner. Point final.
Sinon, moi, Monsieur, je vais vous dire quelque chose. Plus aucune bouche ne sera respectable dans notre pays. Et toute personne sera méprisable et jetable. Ce n’est pas bon. Il faut donc faire la lumière. Toute la lumière. Pour que nous nous sentions aimés…
Ah, vous m’avez remis 500f ! C’est pour moi ? Je ne souhaite pas que votre voiture tombe souvent en panne, mais je souhaite me retrouver là, par hasard, chaque fois que cela vous arrivera. Je vous remercie infiniment. Que Dieu vous bénisse, ne bénisse pas nos brigands, mais bénisse le Bénin en plus de vous, de ma cousine et de moi-même.

Roger GBÉGNONVI

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3 Commentaires

Delphin GOUVOÉKÉ octobre 10, 2020 at 9:54

Je ris juste qu’il y a de la satire dans ce que mon éminent prof d’université a écrit. Mais je dois dire que personne n’est assis à Paris comme semble dire l’auteur. Il y a juste de la ruse et de la rage qui les ont contraints. Si un opérateur de cet acabit qui renfloue les caisses de l’État en matière d’impôts (qui malheureusement se retrouvent entre de vols individus en quête de sensation), est proscrit désormais de faire affaires sur sa terre natale, il faut juste déduire que le Bénin n’est pas encore prêt d’amorcer son autonomisation.
Rien que de la fourberie en devenir

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BOKO hubard octobre 10, 2020 at 2:42

Sacré professeur avec une plume sacrée que je salue au passage !

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IDOHOU octobre 10, 2020 at 9:03

C’est simplement un écrit de la honte. Les beaux mots n’expriment toujours pas de bonnes choses. Il est un habitué de ces genres d’écrits. Teacher, vous avez soutenu ces reformes qui viennent de révéler leur faille.
Qu’en pensez-vous?

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