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Bénin – Harcèlement sexuel : Quid des victimes qui s’affaissent au cachot du désespoir?

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Devenu le chou gras des infos et des intox, le harcèlement sexuel a fini par éclipser campagne électorale, bilan du Covid-19, emprunts obligataires et même les journalistes emprisonnés pour diverses raisons. Les faîtières de la presse béninoise se sont fait prendre de court par cette bombe angélique qui rappelle Hiroshima et Nagasaki en mode champion atomique. La toile enflammée refuse de s’éteindre même sous l’assaut des misogynes endurcis qui condamnent le style vestimentaire aguichant de ces femmes qui refusent de trainer la tradition vestimentaire sur le corps. Mêmes les exhumateurs (ne songez pas au dictionnaire) zélés de passé troublant des victimes du moment peinent à mettre la toile sous boisseau. Harcéleurs professionnels et disciples, connus ou non, apportent, eux aussi, leur pierre à l’édifice de l’Ortb bashing et tout le monde s’y perd. L’intelligentsia féminine a donc le vent en poupe et les avocates des causes intrajambaires donnent déjà de la voix pour broyer la crasse harcéleuse. Joli cocktail molotov, n’est-ce pas!

Pourtant, la furie nationale contre le terrorisme sexuel administratif, comme toutes les furies des temps passés et présents d’ailleurs, semble perdre de vue le petit baudet du harcèlement. S’il est vrai que tout est parti d’une femme lettrée, employée dans l’administration publique, il est indiscutablement vrai que le harcèlement sexuel sévit aussi hors de ce cadre là. Et quand on y pense, il nous vient tout de suite à l’esprit ces pauvres domestiques labourées pendants mille et une nuit par des maris volages et sans respect aucun pour la conjointe et qui n’ont personne à qui ouvrir leur coeur. Il serait tout de même subjectif de ne pas reconnaître qu’il y en a qui s’y plaisent, au point de parvenir à remplacer la naïve épouse si elle n’y prend garde. Et puis, il y a celles-là aussi, vendeuses ou commerçantes, qui sur ces sentiers tortueux du commerce inter-urbain, doivent satisfaire plaisirs malsains et libidos adultères de conducteurs confiants en gris-gris ancestraux savamment épicés. Et puis, il y a encore celles-ci, vendeuses de bouillies, akpan et mets divers, à la merci de soudeurs, mécaniciens, vulcanisateurs, maçons, meuniers,…à la libido aiguisée en permanence dans les coins et recoins d’ateliers-chambres de passe. Ouf! On y perd le souffle a vouloir tous les citer, entendez catégories socio-professionnelles de femmes harcelées et d’hommes harceleurs.

Et pendant qu’on s’y perd, la plus petite des victimes, enfin! Elle, la petite vendeuse d’arachides, de beignets de farine de blé, de maïs cuit, d’ablo yoki, de tout ces petits mets exotiques servant de casse-croûte. Elle, personne n’en parle encore ou peut-être n’en parlera jamais. Son tort, elle n’est dans aucun bureau climatisé après avoir réussi exploits scolaires réels ou empreints de faveurs sexuelles. Or, mieux que les autres, peut-être, elle subit plus. Considérée, par mépris, comme jeune pousse, elle souffre caresses, gestes érotiques condescendants, étreintes huilées de jeunes apprentis qui ont vu leur patron en trainer d’autres, plus âgées, dans l’inconfort d’ateliers en claie pour leur racler les profondeurs. Eux aussi, ils apprennent. Pas seulement le métier mais aussi les à côtés du métier. L’autre n’a-t-il pas chanté que l’écolier mal fait est un directeur mal fait en devenir! Et voilà donc, patrons pervers formant apprentis futurs patrons tout aussi pervers pour que vive à jamais le harcèlement sexuel hors bureaux feutrés. À ces âmes innocentes, enfants placés pour cause de misère affligeante, ils imposent déjà les ravages du harcèlement afin qu’elles aussi, elles y grandissent pour devenir demain sous le toit d’un homme, femme infidéle fabriquée par la perversion sociale.

Mais de toutes celles-là, personne ne parle encore. Ce qu’elles souffrent, personne ne semble en parler. Comme sur d’autres plans, c’est l’élite qui passe d’abord. C’est elle qui importe. Les autres pourront attendre. Si un jour, peut-être, l’une d’entre elles parvient à enflammer la toile par déclarations tonitruantes et rocambolesques et bien, on en parlera. Avec la même ferveur? Pas certain! Mais on s’en émouvra tous quand même. Après tout, l’émotion n’est pas que nègre même si par ici, on la force un peu trop pour ne rien résoudre avec à la fin.

Raoul HOUNTONDJI

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