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Côte d’Ivoire : Soro ou l’homme qui jouissait de la justice des vainqueurs

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En exil forcé depuis le mandat d’arrêt international lancé contre lui, Guillaume Soro s’en va subir le sort des vaincus. Du coup, il menace d’organiser la résistance contre Ouattara, le chef d’État ivoirien, depuis Paris où il se trouve désormais. Mais on pourrait bien se demander de quelle résistance il parle. En bon démocrate, la logique aurait voulu qu’il rentre au pays pour faire face à la justice de son pays. Cela pourra tout au moins permettre à l’opinion publique d’apprécier l’impartialité de cette justice considérée comme aux ordres de l’exécutif ivoirien.

Mais au lieu de cela, l’ancien président du parlement ivoirien multiplie diatribes et invectives vis-à-vis de son ancien mentor qu’il taxe aujourd’hui d’être l’instigateur de la déstabilisation de la Côte d’Ivoire en 2002. À cette question, il avait pourtant toujours répondu par la négative. Alors, on se demande bien si on peut se fier aux propos de l’ex rebelle qui se dit et se dédit au rythme de ses intérêts. Aurait-il jamais avoué ces faits si Ouattara (Ado) et lui sont restés en de bons termes jusque là? Sans vouloir y répondre, cela ne paraît pas évident puisque l’entente entre les deux servirait ses intérêts. On comprend donc que la guéguerre est née du refus non exprimé de Ouattara de faire de Soro, son dauphin légitime.

Guillaume Soro

Donné en tête des sondages pour la présidentielle de 2020, Soro se voit déjà président après Ado. Pour lui, l’accession au fauteuil présidentiel n’était qu’une question de temps, alors même que Ado laisse encore planer un doute sur sa candidature ou non à cette élection majeure. Ouattara n’a sûrement pas digéré cette propension grandissante de son ex collaborateur à vouloir se faire passer pour ce qu’il n’est pas encore.

Mais au lieu de faire profil bas pour affronter avec calme et sérénité les poursuites dont il fait l’objet, Guillaume Soro s’entête à jouer au dur. Son passé de rebelle semble lui prendre la tête au point de l’amener déjà à parler de résistance. Pourtant, il n’a encore aucun statut lui permettant de s’inscrire dans la dynamique du bras de fer. La Côte d’Ivoire n’est pas en guerre et il n’est victime d’aucune injustice électorale. Mieux, le peuple ivoirien n’est mêlé ni de près ni de loin à ses déboires judiciaires. Comment compte-il donc demander aux Ivoiriens de se mobiliser contre le pouvoir d’Abidjan cette fois-ci ? A moins qu’il veuille une fois encore entrer en rebellion, il risque de se retrouver seul avec quelques lieutenants dans sa résistance annoncée. Contrairement aux illusions qu’il se fait, les choses pourraient ne pas se passer comme par le passé.

Certes, il est plus aisé de crier au non respect des principes démocratiques mais encore faut-il qu’on en donne l’exemple soi-même dans ses faits et gestes.

Raoul HOUNTONDJI


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