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Chronique

Ouidah en gérance libre

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Et en chute libre. Car, au lieu de 19, ils n’étaient plus que 17 au sein du Conseil communal à se sucrer sur le dos de la Commune. Depuis longtemps, deux ténors, « bourrés de fric », sont aux abonnés absents. Si la sanction, prévue par les textes, de les éjecter du Conseil n’est pas tombée, c’est que, à Ouidah, on s’aime ton-pied-mon-pied, on se protège, se tient et se soutient, c’est que, à Ouidah, les morts sont vivants et les absents présents. Et partout des « ne t’en mêle pas, sinon tu te feras des ennemis. Ouidah, c’est ça ». Des Garde-fou pour empêcher les fous d’aller clamer partout que Ouidah, la cité bien aimée, mystique et mariale, est aux mains de Conseillers qui fomentent son malheur et son désespoir.
A cause du collé-serré dû à l’amour ton-pied-mon-pied, c’est d’à côté qu’est venue depuis quelque temps la sanction qui relève de leur fonction les dix chefs d’arrondissement (CA) que compte la Commune. La preuve a été établie qu’ils avaient fait de leur fonction une caverne d’Ali Baba. Frais de mariage, timbres fiscaux non achetés mais payés à l’avance par le citoyen demandant des papiers devant être estampillés, etc., la fraude gonflait depuis des années la poche du CA. Voyant que la puanteur allait déborder du bureau sur les pavés de la rue, tel CA démissionna en toute hâte après avoir remboursé plus de 800.000 f. Un autre suivit son exemple et remboursa 9.200.000 f pour montrer patte blanche. Leur collègue décédé sur ces entrefaites était déjà mal dans son corps : la terre lui soit légère.
Les Conseillers rescapés assurent l’intérim en maugréant : « On fait ce qu’on peut, mais on ne peut pas grand-chose. Tout est à reprendre. C’est pourri. » Une pourriture sur pied, c’est encore peu ou prou l’école publique primaire du quartier Gomê, une passoire. Pendant plusieurs années, par les tôles éventrées, le soleil entrait à profusion dans les classes, et, parfois, quelque serpent descendu d’un arbre. Quand il pleuvait, toute l’école courait se serrer sous un hangar qui conservait des tôles intactes. Or il eût suffi de cinq millions sur les neuf ci-dessus revenant à la Commune, pour ne plus « assassiner Mozart » et offrir aux écoliers, aux enseignants et à l’administration les conditions basiques d’un bon travail pour la dignité de l’homme, bien avant la construction des deux modules de 2019.
Mais, occupés à chaparder, les CA se moquent de la cité, de la science, et de toute dignité. Et dire qu’il ne s’agit pour l’instant que de l’argent détourné au quotidien pendant des années. Quand on en viendra aux lopins de terre qu’ils se sont illégalement attribués, certains d’entre eux fuiront à Paris pour gémir là-bas qu’ils sont persécutés dans leur pays.
Hélas, nos tristes Conseillers communaux n’ont pas que de bons exemples nationaux. Certains enseignants chapardent sacs de riz et bidons d’huile destinés à la cantine de leur école. En 2018, un fils de Dieu, les mains toujours jointes, a chapardé 110 millions f CFA dans les caisses de la Fondation Cardinal Bernardin Gantin. Etc. Nos Conseillers le savent et se laissent emporter. Ils ont tort. Car le chef est celui qui porte, celui qui est modèle qu’on suit.
Car « Le succès ou l’échec dépendent de celui qui régit le pays [ou une partie du pays]. Si la chaîne d’arpentage est droite, alors le bois sera rectiligne, non parce qu’un effort spécial aura été fait, mais parce que ce par quoi la chaîne est régie produit cet effet. De la même manière, si celui qui règne est sincère et droit, alors d’honnêtes fonctionnaires serviront son gouvernement et les gredins se cacheront. Mais, s’il n’est pas droit, alors les malfaisants l’emporteront et les hommes loyaux iront vivre retirés du monde », disait Huai-nan Tzu en l’an 122 avant Jésus-Christ. L’éthique au service de la cité, de la communauté.
Quand les Béninois assimileront cette leçon chinoise vieille de plus de deux mille ans, Ouidah ne sera plus en gérance et chute libres, mais en gérance éthique et responsable.

Roger Gbégnonvi


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