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Bénin_législatives2019 : Pour un parlement en rupture avec le passé

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Le Bénin se souvient du cri échappé en pleine session parlementaire : ‘‘Tout le monde a reçu de l’argent, moi aussi !’’ De l’argent pour le vote d’une loi présentée par l’Exécutif. Comme si jamais n’avait existé l’article 91 de la Constitution : ‘‘Les députés perçoivent des indemnités parlementaires qui sont fixées par la loi.’’ Mais député sans projet politique ni ambition sociale, et ayant acheté les électeurs, on veut se faire rembourser par le biais de tout ‘‘service rendu’’ à l’Exécutif, quitte à obliger son chef à puiser pour vous dans les caisses de l’Etat et dans celles de l’aide internationale destinée à soulager le peuple souffrant. Us et coutumes d’un parlement réputé ‘‘à géométrie variable’’, sans majorité ni opposition, mais avec 83 sébiles au poing. Sans scrupule. L’auto mise en vente du député béninois est documentée par François Awoudo dans son ouvrage ‘‘Le mal transhumant’’ paru en 2004. Depuis lors, rien n’a changé. Et quand on a entendu en 2016 l’aveu ci-dessus, ‘‘tout le monde…moi aussi’’, on se demande comment on a pu présenter comme positif le modèle de démocratie incluant ce parlement-là, mauvais rêve qu’on lit dans les romans de Kafka.
A partir du 29 avril 2019, nos 83 députés devront nettoyer les écuries d’Augias. L’article 105 de la Constitution stipule : ‘‘L’initiative des lois appartient concurremment au Président de la République et aux membres de l’Assemblée Nationale.’’ Il leur revient donc d’initier la loi punissant de perte d’immunité parlementaire tout député enclin à se chosifier dans et pour l’exercice de ses fonctions. S’étant ainsi humanisés en s’arrachant à l’univers des ustensiles de cuisine, nos députés ne pourront plus, tels de grands égoïstes parvenus, pavoiser et bâfrer en s’offrant en spectacle le mal-vivre de ‘‘la Nation toute entière’’ par eux représentée au terme de l’article 80 de la Constitution. Ils appliqueront avec rigueur l’article 79 : ‘‘Il exerce le pouvoir législatif et contrôle l’action du Gouvernement’’. Exerçant le pouvoir législatif avec rigueur et voyant la misère grandir autour d’eux, ils prendront l’initiative de toute loi pouvant mettre en orbite de développement le peuple béninois.
Par exemple, la loi faisant de l’écriture et de la lecture de la langue maternelle le programme unique de l’enfant pendant la première année de sa scolarisation. Tout est prêt pour la mise en route. Seule fait défaut la volonté politique. Et ce n’est pas une lubie de quelques ‘‘gens rassasiés’’ comme on se plaît à insulter ceux dont la devise de vie n’est pas le profit immédiat et abondant. La loi pour la mise en route de ce programme s’impose pour deux raisons. 1- L’écriture est l’autre nécessaire nature de l’homme, l’outil merveilleux qu’il s’est donné pour préserver et faire voyager sa pensée, tout en s’ouvrant, à partir d’elle, les portes de tout monde et de toute science dans le temps présent et dans les temps passés. 2- L’UNESCO est formelle : toute ouverture à tout monde et à toute science se fait à partir de la langue maternelle écrite et lue dès la petite enfance. C’est la clé, le ‘‘Sésame, ouvre-toi’’.
Faute de cette clé magique, tout lettré béninois n’est qu’un simple répétiteur, parfois brillant, mais pas plus performant qu’un bon perroquet. Avec l’écriture, nous appellerons au jour nos gémies, porteurs de savoirs nouveaux et novateurs. Au sud du Sahara, nous nous complaisons dans la parole, don de la nature, et oublions que le don prodigieux fait par l’homme à la nature, c’est l’écriture. L’enfant Mozart, réputé ‘‘plaisanterie des dieux’’, est en vérité la résultante d’une longue tradition de mélodies écrites, la somme d’une longue histoire d’écriture musicale, dont la convergence sur lui l’a établi, par le travail précoce et assidu, lieu de prédilection pour les Muses. A partir du 29 avril 2019, nos députés entreront en rupture avec le passé pour ouvrir un parlement nouveau au service du pays et du peuple. Bon vent à nos députés de la 8ème Législature pour faire rayonner l’Afrique à partir du Bénin.

Roger Gbégnonvi


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1 Commentaire

Sedjro L avril 13, 2019 at 1:55

<>. Professeur, Gbegnonvi, vous êtes passé à côté du coche. A dessein certainement… Vous n’avez fait aucun diagnostic du mal profond qui ne date pas de cette législature. Un certain Kakpo Mathieu, si mes souvenirs sont exacts, paix à son âme avait fait aveu public portant sur 10 millions encaissés d’un homme d’affaires pour voter pour une loi sous le régime de Kerekou. Aucun début de poursuite. Mme Rosine a fait un aveu public de corruption qui serait signée par le régime du nouveau départ, le corrupteur serait connu. Aucun début de poursuite. Pourquoi ? Qu’est-ce qui, vous rassure aujourd’hui nous rassure que ca ne va pas continuer avec la nouvelle legislature? A mon avis, la politique sous les tropiques relève du champ commercial. Pas de poursuite parce qu’il s’agit des citoyens puissants de la République. Ils sont députés, ministres, amis du président. Ca se poursuivra, sauf à être sûr que ces 83 députés, dont légitimité resultera d’un commerce inéquitable dans lequel il y a eu un contrat d’adhésion dont les clauses ont été rédigées par le plus puisant des puisants politiques de l’heure, ne se retrouveront pas en fonction après 2021, ou à affirmer que Talon sera encore là au delà de son mandat actuel seule hypothèse pour garder le statu quo, auquel cas ce nest plus le résultat d’une réforme. Professeur, malgré le respect dû à votre rang, souffrez que je vous dise humblement que vos chroniques depuis l’avènement de la rupture sont devenues insipides et incohérentes, et pour le lecteur assidu que j’étais, je m’en désole.

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