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Chronique

Quelle nouvelle révolution pour le Bénin ?

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Voici des décennies que le Bénin va mal. Cela justifierait-il que nous boudions ce qui a l’air d’une dynamique heureuse ? Nous semblons ne pas voir que le déficit énergétique s’amoindrit, que les chauffeurs de taxi ne sont plus arnaqués deux à trois fois sur 40 km, que les patrouilles remarquées des forces de l’ordre ont fait baisser le taux de criminalité dans les grandes agglomérations, que, à ce qu’il paraît, gendarmes et policiers perçoivent désormais les primes que l’Etat leur doit et qu’il ne leur payait plus depuis des lustres, ce qui les ‘‘autorisait’’ à compenser illégalement sur le dos des citoyens. Etc. Certes, le mal-vivre demeure. D’ailleurs il empirera tant que la reproduction humaine sera galopante et que la production économique restera, au mieux, stagnante. L’Etat béninois devrait-il imiter l’Etat chinois en refrénant, de gré ou de force, les procréateurs frénétiques et irresponsables ?

Ces pensées et d’autres vous ont assailli le 3 juillet 2017 après un E-mail promettant ‘‘La plus puissante révolution jamais tenue ici’’. Votre jeune ami poursuit : ‘‘Je lis avec un intérêt renouvelé vos chroniques. Je suis fier de compter parmi les fidèles destinataires, quoique parfois perplexe sur la ligne. Vos amis ont trahi tout espoir pour ce pays. La vague qui vient est un torrent. Je me devais de vous en parler’’. Sur la photo, votre ami a le poing levé, le visage grave. Vous êtes troublé. Révolution ? Nous en avons fait une de 1972 à 1990. On a hurlé ‘‘pour des victoires plus grandes encore’’ jusqu’au fiasco total, à genoux devant FMI et Banque mondiale. Politisé, curieux et cultivé, votre ami sait l’asphyxiante logorrhée militaro-marxiste. Que veut donc dire sa nouvelle révolution torrentielle ? Sous le signe de l’estime mutuelle, vous lui répondez le 5 juillet : ‘‘Approfondir.- Cher Ami, à la lecture de ton ‘Je me devais de vous en parler’, c’est Paul Eluard qui me vient à l’esprit : ‘Le tout est de tout dire et je manque de mots / Et je manque de temps et je manque d’audace…/ J’ai mal vécu et mal appris à parler clair.’ Je plaide pour que tu approfondisses ton analyse de la situation. Ton propos, ou ton projet, nécessite un ‘dialogue franc et sincère’, comme on dit en diplomatie, quand les points de vue ne concordent pas ou s’opposent carrément, ce que tu énonces en termes sibyllins de ‘quoique perplexe sur la ligne’, sur ma ligne. Ma ligne, pour autant qu’elle te paraisse claire, est le point – pour autant qu’une ligne puisse être un point – est donc le point de convergence de beaucoup de doute, d’écoute, d’observation et d’analyses recoupées, qui me conduisent à beaucoup d’espérance dans la pénombre de ce qui est en cours.’’ Quel sort à votre colère rentrée ? Sa réponse, le lendemain, est laconique, hyper-sibylline, peut-être méprisante : ‘‘Je vous ai lu et entendu. A bientôt !’’
Si ‘‘à bientôt’’ ne renvoie pas au tsunami politico-social qu’il promet et qui va tout emporter, y compris vous et lui, nous sommes sauvés, et vous pouvez vous attendre à la visite prochaine de votre ami. Le cas échéant, cher Ami, je t’emmènerai ici et là dans ma cité esclavagiste et mariale. Tu constateras que la plupart des femmes, abandonnées de leurs maris volatiles, sans source de revenu évidente, sont fières d’aligner, chacune, une demi-douzaine d’enfants qui jouent dans la poussière, fesses à l’air, ventres ballonnés. Mamans prolifiques et fières de l’être, car les ancêtres ont dit que ‘‘les enfants, c’est tout bénéfice’’. A l’épreuve de ce cauchemar-avenir cultivé, nous réfléchirons à quelle nouvelle révolution pour le Bénin. Celle du poing levé ou de la tête pensante ? Si, attentifs à l’histoire et soucieux d’entamer un processus irréversiblement porteur du sens de la responsabilité personnelle, nous optons pour la révolution longue et éprouvante, celle de la tête pensante, nous devrons définir, sans faillir, les tâches à faire jusqu’à ce que les têtes se mettent à penser pour qu’advienne chez nous l’ère de la responsabilité personnelle. Se hâter. Se hâter vite.

Roger Gbégnonvi


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