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Donald Trump et les Béninois

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Le monde qui s’occidentalise est un monde qui s’américanise. Aujourd’hui donc, chaque peuple doit se regarder et se positionner face à Donald Trump. Encore faut-il que l’exercice soit possible par rapport à un repère qui bouge dans tous les sens, comme s’il était une girouette, tout le contraire du repère. La difficulté de cette antinomie n’empêche pas que les Béninois partagent avec le Président Trump trois points de convergence importants.

I)- La question de la femme rend le Béninois insomniaque. Trump aussi. On l’a vu afficher une envie solide de mordre Angela Merkel. Mais la frousse du Béninois est trois fois mieux raisonnée que celle de Trump. 1- La femme détient le pouvoir absolu du matriarcat, au sens où c’est elle qui fait l’homme papa en lui déclarant ‘‘ça y est, ton enfant est là dans mes entrailles’’. Si 25 ans plus tard, hystérique à l’encontre de son homme colérique, elle lui jette soudain à la figure ‘‘eh bien, sache que celui-là, je l’ai fait avec un de tes amis qui me draguait avec constance dans la tendresse’’, le papa décrété cocu et brutalement déchu de paternité tombe des nues, s’attrape un AVC aigu et trépasse sans demander son reste ni un quelconque test ADN, que la rebellée refuserait de toute façon. 2- Au Bénin, la femme est reine des marchés et détient, de ce fait, le vrai pouvoir économique. Les hommes l’écartent donc du pouvoir politique afin qu’elle n’ait pas celui-là aussi. Quand ils ont saupoudré le Parlement et le Gouvernement de miettes de femmes, ils estiment avoir fait beaucoup pour LE GENRE. 3- Les amazones du roi d’Abomey ne faisaient pas dans la douceur de la dentelle. Les Béninois s’en souviennent et veillent à ce que la femme ne soit présente dans l’armée et la police que par bribes. Halte à la bravoure féminine. Il suffira du seul courage masculin.
II)- La question du repli sur soi place les Béninois aux côtés de Trump. Après 57 ans d’indépendance, les Béninois n’ont pas vraiment intégré la notion de Nation. Ils se replient donc sur leurs ethnies et avancent vers la nation béninoise avec méfiance. Après 241 ans d’indépendance de son pays, Trump a peur du monde, et supplie les siens de se replier sur la seule ethnie yankee. Il recule avec effroi quand les Béninois avancent avec prudence. Mais il est prudent lui aussi en n’exigeant pas le retour des siens aux 13 Etats fondateurs de la Fédération. Rassurant. Mais le climat se réchauffe-t-il ? Foutaise ! In God we trust. Et basta !
III)- La question cruciale de la guerre et de la paix trouve les Béninois et Donald Trump parfaitement accordés. Si le Bénin avait les mêmes biceps que les USA, le Président Talon se réveillerait un matin et, à la hussarde, larguerait une bombe puissante sur un camp en Syrie pour venger des enfants gazés, et une bombe extra-puissante sur un camp en Afghanistan pour venger des soldats tués. Les survivants de ce double exploit contre deux pays, déjà assez bien bombardés, ont dû enregistrer la bravade de Trump en haussant les épaules. Mais sagesse de Trump : il n’a pas cherché à créer une nouvelle zone de feu en bombardant l’Arabie-Saoudite, où Ben Laden est né et qui a fourni la plupart des terroristes qui ont mis le feu aux Etats-Unis le 11 septembre 2001. Patrice Talon aurait fait preuve de la même sagesse et, à l’instar de son collègue Donal Trump à Ryad (ils y étaient ensemble), aurait plutôt dansé avec les princes d’Arabie-Saoudite. Trump n’est pas fou. Talon non plus.
Les Béninois ont en Donald Trump un vrai frère. Ce qui les réunit, c’est la peur, que la politesse oblige à traduire par méfiance, prudence, voire sagesse. Dira-t-on pour autant que les Béninois sont une bande de peureux et que les Etats-Unis, post Barack Obama, ont à leur tête un grand peureux ? Il faut avoir peur d’être impoli quand on parle d’un grand peuple tel que celui du Bénin, et du président d’un grand pays, tel que les Etats-Unis d’Amérique. Méfiance, prudence, voire sagesse, pour la tranquillité des peuples et de leurs dirigeants.

Roger Gbégnonvi


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