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Chronique

Etat et Citoyen au contrôle de la démographie du Bénin

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De tous les problèmes que l’Etat béninois doit résoudre, il en est un que, semble-t-il, nos gouvernements ne savent pas nommer et qui est celui de notre démographie non maîtrisée. L’on ne sache pas en effet que, sur notre parcours de 57 ans de souveraineté nationale, aucun PAG ait consacré quelque chapitre à la croissance exponentielle de notre population. Or cette croissance, non surveillée et non contrôlée, devient un fléau national.

Si l’on s’en tient aux chiffres de Robert Cornevin, nous étions 1.934.400 en 1960. En 2017, l’avis général est que nous avons passé la barre des 10.000.000. Cette progression démographique a-t-elle jamais été anticipée par nos programmes de développement ? Si oui, nous ne serions pas aujourd’hui en butte à une sévère précarité énergétique, nos hôpitaux ne seraient pas mouroirs, notre enseignement supérieur pitoyable, disparues nos écoles normales pour veiller à la qualité des enseignants, notre système scolaire en proie à des réformes qui ne font pas sens, etc., etc. Ces échecs criards disent que nous sommes en panne de développement, en même temps qu’elles stigmatisent notre imprévoyance. Parce que l’Etat daho-béninois n’a pas fait, sur le front de la croissance démographique, les projections et les prévisions qui s’imposaient, le Bénin se déglingue au fur et à mesure que sa population augmente. Voilà le fléau présent. Voilà le fléau à venir. Fléau qu’il faut arrêter.
Imputable au manque de proactivité des pouvoirs publics, ce fléau est aussi, et peut-être d’abord, à mettre au débit du simple citoyen, coupable d’irresponsabilité en matière de paternité-maternité. En voici un exemple précis et concret. En 2017, Mélanie a 35 ans et 4 enfants. L’aînée (issue d’un viol ?) l’a déjà rendue deux fois grand-mère. Elle élève, seule, les trois autres, dont la plus âgée avoue 11 ans. Mélanie n’a jamais mis les pieds à l’école. Elle se dit couturière, mais on ne lui connaît ni salon ni clientes. Elle vivote et fait vivoter ses trois derniers (provisoires ?) en faisant des ménages et, peut-être, en monnayant parfois, à la sauvette, quelque charme résiduel. Les deux qui l’ont faite mère et celui ou les deux qui l’ont faite grand-mère sont aux abonnés absents. Mais aucun reproche á l’encontre ni des géniteurs ni des mamans, car ces 5 (ou 6) acteurs du fléau sont en parfait accord avec la sagesse locale qui énonce : ‘‘La progéniture est tout bénéfice’’. Plus on accumule les enfants, mieux ça vaut ! Et point de souci à se faire pour ce qui est richesse en soi, ça va tout seul. Mélanie, doublement grand-mère à 35 ans, est catholique. Si sa religion, révélée par Dieu, pourrait tolérer la contraception, elle condamne vigoureusement l’interruption volontaire de grossesse, car il faut accueillir en toutes circonstances le don de Dieu, d’autant que la sagesse locale nous fait devoir de Le remercier quand Il nous a créés prolifiques, grâce qu’Il a refusée à quelques malheureux. Ce n’est donc pas un drame, bien au contraire, que Mélanie se retrouve, parfois en plusieurs exemplaires, dans beaucoup de maisons. Divine Providence.
Aussi dira-ton, à la décharge de l’Etat et du Citoyen, que, drogués par une sagesse fallacieuse et par la religion, ils subissent, hébétés, le fléau d’une croissance démographique débridée. Face á la déferlante des naissances qui allait emporter l’Empire du Milieu, l’Etat chinois, totalitaire et athée, a imposé l’enfant unique, avant d’en tolérer récemment un second, pour parer au vieillissement de sa population. Démocratique et laïc, le Bénin doit-il se croiser les bas face au fléau qui vient ? Qui est déjà là. Dans notre pays aux frontières grignotées par nos voisins. Dans notre pays aux paysans ahanant au soleil avec la houe de Mathusalem pour nourrir plus de 10.000.000 de bouches. Envers et contre sagesse locale et toute religion, nous devons nous mobiliser et faire front. Le présent et l’avenir du Bénin exigent qu’Etat et Citoyen se donnent la main au contrôle de la démographie du Bénin.

Roger Gbégnonvi


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